Des bergers pyrénéens vent debout contre la réintroduction d'ourses
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La Fédération transpyrénéenne des éleveurs de montagne (FTEM) s’oppose au projet du gouvernement de réintroduire deux ourses brunes dans les Pyrénées cet automne, dans le cadre du Plan ours brun 2018-2028. Les éleveurs et membres de la FTEM dénoncent les attaques de loups et d’ours sur leur cheptel et menacent d’organiser des battues illégales. De son côté, la Fédération nationale de défense du pastoralisme (FNDP) a déposé un recours contre ce plan, le 5 juillet.
« Retrait des grands prédateurs » exigé
84 % des Français sont pourtant favorables à une réintroduction d’ours bruns dans les Pyrénées, selon un sondage Ifop réalisé en début d’année. Un soutien retrouvé au niveau régional, puisque ce même sondage indique que 76 % des habitants des Pyrénées-Atlantiques seraient également en faveur du retour du plantigrade.
La FTEM exige néanmoins « des mesures de retrait immédiat des grands prédateurs » et veut que soit versée « une réparation dans les plus brefs délais aux éleveurs pour le préjudice subi ». La convention de Berne de 1979 autorise la France à abattre des ours bruns si l’abattement vise à « prévenir des dommages importants (…) au bétail. » En 2017, 689 brebis ont été tuées par des ours dans le département de l’Ariège, en Midi-Pyrénées. D’après le journal Terres d’Ariège, le département compte plus de 60 000 brebis, ce qui signifie que l’ours tuerait à peu près 1 % du cheptel ariégeois.
Les indemnisations en cas d’attaque d’un ovin par un ours vont de 46 à 570 euros, en fonction des caractéristiques de la bête tuée. Selon l’association de protection de l’ours brun Pays de l’Ours, l’utilisation de chien de protection permettrait de réduire de 90 % les attaques.
Avis contradictoires sur l’urgence de réintroduire l’ours
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’ours brun rentre dans la catégorie « préoccupation mineure » et a donc peu de chances de disparaître à court terme. Le tribunal administratif de Toulouse a pourtant condamné l’État en mai dernier pour manquement à son obligation de protection de l’ours brun estimant que « les actions mises en œuvre par l’État ne peuvent pas être regardées comme suffisantes » pour préserver l’espèce.