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Directives nitrates : la Bretagne doit encore trouver des compromis

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La Bretagne finalise son sixième programme d’actions sur la directive nitrates. La copie a été envoyée à l’autorité environnementale, qui doit rendre son avis dans les prochains jours. Toutefois, la consultation se poursuit avec la société, le Conseil régional, l’Agence de l’eau et les structures agricoles. Objectif : finaliser le document pour juillet. Or, des points d’achoppement persistent : le 23 avril, la réunion organisée par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) a été rapidement désertée par la FRSEA et des JA. Explications avec Patrick Seac’h, directeur adjoint de la Dreal.

Référence environnement : Quelles sont les mesures qui suscitent encore des débats houleux avec certains agriculteurs ?

Patrick Seac’h : Une en particulier : le calcul des journées de présence de pâturage, ou JPP, pour éviter les parcelles « parking ». Avec la concentration des élevages laitiers, certaines parcelles sont trop chargées en bêtes. Nous voulons éviter la multiplication de ces parcelles où l’azote fuit en quantité. Nous voulons intégrer ces critères environnementaux dans les dossiers d’autorisation de ces élevages lorsqu’ils engagent une restructuration, ce qui n’existe pas aujourd’hui.

La Bretagne connait une augmentation de taille des élevages : le cheptel est stable, mais le nombre d’exploitation diminue. Toutefois, cette mesure ne concerne que les exploitations de plus de 150 vaches. Or, onze structures disposent de plus de 400 bêtes et 173 ont un cheptel compris entre 150 et 400 animaux, sur un total d’environ 10 000 exploitations laitières. La mesure réglementaire ne concernerait donc qu’un nombre limité de cas.

Référence environnement : La totalité de la Bretagne est toujours en zone vulnérable. Est-ce un constat d’échec des politiques agricoles en matière de gestion de l’azote ?

P.S. : Le seuil pour les zones vulnérables est fixé à 18 mg/l d’eaux brutes. Or, la région doit gérer un historique de dizaines d’années de pratiques intensives agricoles. Mais la tendance est à la baisse : nous sommes passés d’un pic de 50 mg de nitrates/l d’eaux brutes à 30 mg/l actuellement. Certes, nous sommes encore loin des 18, mais nous progressons avec les efforts des agriculteurs.

R.E. : Quelles sont les mesures fortes de ce sixième programme d’actions ?

P.S. : Dans le prolongement du cinquième programme, nous nous focalisons sur les mesures les plus efficaces, à l’instar des bandes enherbées, de la couverture végétale permanente des sols ou des périodes d’épandage. Il faut que les agriculteurs continuent d’apporter juste ce qu’il faut pour la plante et au bon moment. La forme d’azote est aussi une piste à travailler : certaines formes sont plus stables et lessivent moins dans l’eau, comme les fumiers. Nous avons également changé de cartographie pour la définition des cours d’eau et nous en avons répertorié davantage. Dans la réglementation, les agriculteurs ne peuvent pas épandre à moins de cinq mètres des cours d’eau.