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Le Crédit agricole veut démocratiser l’accès au crédit carbone

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Dominique Moreau-Ferellec, directeur Transitions au Crédit Agricole, a profité d’une conférence au Salon de l’agriculture 2024 pour afficher les ambitions de la banque en matière de décarbonation. Et annoncé, à cette occasion, l’arrivée prochaine d’une plateforme d’échange de crédits carbone entre agriculteurs et entreprises locales.

Dominique Moreau-Ferellec, directeur Transitions au Crédit Agricole, affiche les ambitions de la ban - © D.R.
Dominique Moreau-Ferellec, directeur Transitions au Crédit Agricole, affiche les ambitions de la ban - © D.R.

Banque nationale la plus plébiscitée par les agriculteurs, le Crédit Agricole est entré en 2023 au capital de France Carbone Agri, principal mandataire de projets agricoles bas carbone dans l’Hexagone. Ce partenariat a suivi une série d’initiatives menées par la société, qui souhaite afficher son rôle en matière de transition agroécologique : « Depuis trois ans, nous nous sommes mis au service de la feuille de route Net Zéro 2050, nous avons créé trois fonds d’investissement en R&D en mobilisant un milliard d’euros, et nous souhaitons renforcer l’accompagnement des exploitants agricoles sur la gestion des transitions en développant un dispositif de conseil », déroule Dominique Moreau-Ferellec, directeur Transitions au Crédit Agricole, lors d’une conférence au Salon de l’agriculture, le 27 février 2024. L’alliance avec France Carbone Agri est surtout venue affermir une ambition du Crédit Agricole : structurer le marché du crédit carbone à l’échelle nationale. « Nous voulons démocratiser l’accès au crédit carbone volontaire et le relocaliser, dans la mesure où 98 % des crédits carbone vendus en France sont des produits d’importation », affiche Dominique Moreau-Ferellec.

Le crédit carbone, un marché qui peine à se développer

La compensation carbone reste, de fait, le « premier financement pour les projets bas carbone  », souligne Clotilde Tronquet, cheffe de projet Agriculture et forêt à l'Institute for Climate Economics (I4CE), rappelant que 567 000 tonnes certifiées « Label bas carbone » (LBC) se sont écoulées en France en 2022. Un chiffre qui peine toutefois à prendre de l’ampleur, d’abord en raison de son coût : « Le prix de la tonne est en moyenne de 34 € en France, contre sept dollars à l’international : nous ne jouons pas dans la même cour », déplore la dirigeante. Pour Dominique Moreau-Ferellec, le problème est à chercher du côté de la communication auprès des potentiels bénéficiaires : « Nous nous sommes rendus compte que l’offre a du mal à rencontrer la demande, pour les ETI (entreprises de taille intermédiaire), c’est un marché encore évanescent », explique-t-il.

Dans ce contexte, le Crédit Agricole souhaite faire fructifier sa relation avec France Carbone Agri en proposant aux entreprises des projets de décarbonation portées par des exploitations agricoles issues du même territoire : « France Carbone Agri sait accompagner les agriculteurs pour générer des crédits carbone volontaires dans le cadre du label bas carbone, et nous avons accès au portefeuille de dizaines de milliers d’entreprises susceptibles d’être intéressées par la contribution carbone, confie Dominique Moreau-Ferellec à Référence Agro. C’est aussi un moyen de rapprocher des mondes qui vivent parfois l’un à côté de l’autre sans se connaître ».

« Initier le cercle vertueux »

La plateforme de mise en relation, qui devrait être lancée prochainement, est en phase de test depuis septembre auprès d’entreprises « déjà sensibles à ces sujets ». Mais, comme le souligne le directeur, toutes les structures, adhérentes ou non au Crédit Agricole, sont les bienvenues : outre les entreprises, les collectivités territoriales, établissements publics, CHU, universités et autres associations peuvent prendre part au dispositif de décarbonation. Le prochaine étape sera la plus décisive pour le Crédit Agricole et Dominique Moreau-Ferellec : « Ce qui est important désormais, c’est d'initier le cercle vertueux en démontrant que les premiers engagés ont eu raison de le faire. Faire un one shot n’aurait aucun intérêt ».