« Ecologiser la Pac, un partenariat gagnant-gagnant pour l’environnement et les agriculteurs », tel était le thème de la conférence organisée par WWF, la FNCivam (1), le RAD (2) et l’EFNCP (3) à l’occasion du salon de l’agriculture le 1er mars. Les échanges ont porté sur les propositions de verdissement de la Pac : 30 % des aides directes liées à l’écoconditionnalité, 7 % de terres réservées à une zone à orientation écologique encore appelée infrastructure agro-écologique (IAE), diversification des cultures avec au moins trois cultures. Condensé des points de vue exprimés
- Bernard Cressens, directeur des programmes à WWF
« L’agriculture doit revenir à des notions d’agroécologie, socialement équitable, solidaire et cohérente. Si la profession agricole était contente de la Pac, ça se saurait. Il faut la relégitimer. Les discussions ne sont pas closes. Nous allons faire des propositions après les élections, dans un climat plus serein ».
« Il faudrait reprendre le calcul des infrastructures agro-écologique dans le cadre de la Pac. Ce sont des éléments importants au maintien de la biodiversité ordinaire, parfois d’espèces remarquables. La négociation en cours porte sur le périmètre des IAE, le pourcentage de surfaces retenu aujourd’hui fixé à 7 % de la SAU, et sur les coefficients de pondération appliqués aux différentes IAE en fonction de leur intérêt environnemental. Car, avec ces coefficients, la France répond déjà à la proposition de la Commission. » Pour Solagro, il faudrait davantage promouvoir les agricultures qui préservent les surfaces agro-écologiques. Lesquelles hébergent les 2/3 voire les ¾ des espèces sauvages sur l’exploitation agricole et rendent des services aux agriculteurs en préservant les auxiliaires, en luttant contre l’érosion des sols, en préservant la qualité de l’eau.
« Il faut lever les verrous technologiques autour desquels l’agriculture est organisée. Les mécanismes de marché doivent prendre le relais et inciter à investir dans la sélection, l’agronomie, la diversification des cultures et les débouchés innovants. Les entreprises aval et amont sur le territoire, comme les coopératives agricoles, doivent faire avancer les choses car ce sont elles qui vendent les intrants, conseillent et collectent les matières premières. »
- Samuel Féret, coordinateur du groupe Pac 2013
« Il ne faut pas réduire l’environnement dans la Pac à trois mesures. Il est important d’avoir un soutien spécifique au système herbagé par exemple. Il faut que les prairies permanentes fassent parties des infrastructures agro-environnementales, et prendre en compte tous les types de prairies au niveau européen. »
- Fabrice Genin, Jeune Agriculteur
« Nous voulons être constructifs dans les débats. La spécialisation des territoires va à l’encontre de l’installation des jeunes. Par ailleurs, la proposition de verdissement ne nous convient pas et ne répond pas aux enjeux environnementaux. On aimerait notamment plus de choses sur les protéines. »
- Valéry Elisseeff, directeur de la SAF, Société des agriculteurs de France
« La proposition de verdissement nous va bien, l’affichage de la composante verte est importante pour légitimer la Pac. Mais on peut discuter sur les curseurs. Le maintien du paysage rend un service qui doit être rémunéré dans un contrat et les règles doivent être les mêmes pour tous les pays. »
- Rémy Bailhache, président de la commission environnement à l’APCA (4)
« La proposition de Bruxelles est une bonne base, il faut surtout qu’elle se traduise en termes de budget, lequel n’est pas encore voté. Il peut se passer encore beaucoup de choses. Mais la Pac ne va pas tout faire pour les agriculteurs. »
(1) Fédération nationale des centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (2) Réseau d’agriculture durable (3) European forum on nature conservation and pastoralism (4) Assemblée permanente des Chambres d’agriculture