Écophyto 2, ou le rôle central du conseiller
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L’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) organisait, le 8 novembre à Paris, un colloque consacré à Écophyto. Certains aspects de la version 2 du plan ont été au cœur des discussions. En particulier le rôle des conseillers agricoles, et l’évolution de cette profession.
Risque financier et réglementations
« Chacun a sa ou ses préférence dans la palette de la durabilité, explique Bertrand Omon, conseiller à la Chambre d’agriculture de l’Eure. Il peut donc y avoir des différences d’approches. » Pour lui, quelque soit la sensibilité du conseiller, l’important est avant tout de faire passer l’idée que « ne rien changer est parfois plus risqué que de faire évoluer les pratiques. »
Car la notion de risque revient comme un boomerang dès qu’il s’agit de changer les habitudes : « L’efficacité est au cœur des préoccupations agricoles, résume Mathias Sexe, directeur agronomie et développement à la coopérative EMC2. Le manque de résultats confirmés sépare encore certaines innovations du plus grand nombre. »
Un raisonnement à élargir à l’échelle filière
Autre frein cité de manière fréquente : la réglementation. « Sur certaines parcelles, on jongle avec jusqu’à 15 réglementations différentes ! lance Sébastien Windsor, président de la chambre d’agriculture de Seine-Maritime. Dans ces cas extrêmes, l’agriculteur et son conseiller n’ont tout simplement plus le moindre choix d’agir ! »
Guy Richard, chef du département environnement et agronomie à l’Inra, voit un autre élément inévitable à prendre en compte pour les conseillers : l’aspect filière. « L’aval n’est pas assez associé aux démarches agricoles, alors que ses demandes sont au cœur de l’activité du producteur. Écophyto accentue ce défaut en n’étant centré que sur l’agriculture. »
Dominique Potier : « Écophyto, une réponse à la crise agricole »
« Écophyto, et plus globalement l’agro-écologie, c’est une réponse à la crise ! », a affirmé Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle et auteur du rapport d’évaluation et de révision du plan Écophyto ayant précédé la parution de la V2. Il estime qu’il y a bien une nouvelle économie à structurer autour de l’agriculture, « avec d’autres pratiques et pour d’autres produits. » Le député pense qu’il faut être convaincu de la compétitivité de l’agro-écologie, et a même précisé, à cet égard, qu’il trouvait la V2 du plan « un peu timide ».
Pour Dominique Potier, l’évolution de l’agriculture doit passer, au-delà de la stricte technique, par une mutation de la Pac favorisant davantage la régulation du foncier et des marchés de matières premières. Mais aussi par une « bataille culturelle » : « Face aux émissions et enquêtes à charge, vectrice de crispation, l’agriculture doit proposer une communication positive. En clair : sortir de la guerre des tranchées et opter pour le mouvement ! »