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Ecophyto Aquitaine : Une étape vers l’agro-écologie

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« Nous amorçons un tournant dans la déclinaison du plan Ecophyto en recherchant des indicateurs plus globaux sur les impacts environnementaux et économiques, indique Philippe Reulet, en charge du plan Ecophyto à la Draaf Aquitaine. Nous essayons de voir comment on peut articuler le plan Ecophyto avec le projet agro-écologique, en travaillant notamment sur la mise en œuvre de la méthanisation et la constitution de réseaux d’observation des performances économiques et environnementales. Les réseaux de fermes devraient, quant à eux, progressivement rejoindre les objectifs des GIEE. » La pulvérisation, un levier efficace Reste que, pour l’heure, la réduction des pesticides demeure une priorité. La région axe sa stratégie sur l’optimisation de la pulvérisation pour les cultures pérennes. « Sur la vigne, il est complexe de réduire le nombre de traitements, poursuit Philippe Reulet. Mais en jouant sur la qualité de la pulvérisation, on peut réduire de manière significative la quantité de pesticides utilisés, de l’ordre de 30 à 40 %. » Ainsi, des journées de démonstration et de sensibilisation sont prévues cette année, dans les lycées agricoles et les exploitations des fermes Dephy. « On essaie aussi de pousser à l’utilisation des pulvérisateurs face par face avec si possible des panneaux récupérateurs, notamment avec l’aide des lycées agricoles », poursuit-il. Cette année, comme en 2012, la Draaf accompagnera un projet de stand Ecophyto comportant un espace constructeurs de matériel de pulvérisation de ce type, au Vinitech, qui se tiendra du 2 au 4 décembre 2014 à Bordeaux. Depuis 2013, les abonnements aux bulletins de santé végétale (BSV) ont explosé, du fait notamment de la participation des ODG (organismes de gestion) en filière vigne et des contacts pris lors des formations Certiphyto. Près de 4500 reçoivent régulièrement ces informations, contre 3251 en 2012. Treize éditions de BSV sont actuellement disponibles dont trois sont réalisées en inter-régions. Une expérimentation, entamée en 2013, vise à mieux prendre en compte la problématique des adventices en grandes cultures et de favoriser des pratiques de désherbage mécanique par exemple. L’effet d’entraînement du Certiphyto 24882 personnes ont obtenu leur Certiphyto en mars 2014. « Les agriculteurs choisissent majoritairement la formation, ce qui est positif. Ça les sensibilise aux risques liés aux produits phytosanitaires pour leur santé et sur l’environnement et on leur apporte des éléments techniques pour raisonner leurs pratiques. » Pour Philippe Reulet, c’est un des axes majeurs de réussite du plan Ecophyto, d’autant que ces formations peuvent avoir un effet d’entraînement vers d’autres types de formation, plus en rapport avec l’agro-écologie. « La formation doit avoir un réel impact sur l’évolution des pratiques », reconnaît-il. Onze réseaux de fermes Dephy couvrent l’Aquitaine, englobant 110 exploitations. « Lors du dernier Cros, deux agriculteurs, l’un en filière vigne, l’autre en filière maïs, sont venus témoigner de la faisabilité de réduire les IFT par des changements de pratiques et des techniques innovantes. » En Aquitaine, la QSA agricole (quantité de substances actives vendues) est en baisse de 20 % entre 2010 et 2012. « Néanmoins, concernant cet indicateur, nous restons assez prudents car l’interprétation des valeurs de la QSA à l’échelle régionale ne présagent en rien du lieu réel d’application des produits, ni des éventuels stocks de produits faits par les agriculteurs, ni des produits vendus depuis l’étranger par exemple. » De toutes les façons, il apparaît important de pouvoir compléter cette approche par des indicateurs de nature économique et environnementale plus en rapport avec l’acceptation du professionnel de ces changements de pratiques.