Écophyto : « Dephy doit dépasser sa fonction de laboratoire et devenir un diffuseur de bonnes pratiques »
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Les groupes Dephy sont l’un des points forts d'Écophyto mis en avant par les quatre ministres ayant présenté la version « 2+ » du plan cet été. Les 3054 fermes de ce réseau constituent autant de lieux d’essais, en condition réelles, pour réduire les usages de pesticides. Les résultats sont là : chaque filière réussit, dans des proportions variées, à diminuer l’Indice de fréquence de traitement (IFT) sans compromettre l’équilibre financier des exploitations.
Tout en gardant son rôle de production de références sur les systèmes économes en pesticides, Dephy doit désormais faire connaître ses pratiques les plus efficaces. La version 2 d’Écophyto fixe ainsi l’objectif de toucher 30 000 exploitations d’ici à 2030. Responsable de la cellule d’animation national Dephy, Virginie Brun précise : « L’ambition n’est pas d’intégrer de nouvelles fermes. Le réseau ne doit pas grandir, mais diffuser ses connaissances. La cellule d’animation dédie un collaborateur à cet objectif. »
Les groupes parlent aux groupes
Un levier a notamment été identifié : les collectifs d’agriculteurs. Groupes d’étude et de développement agricole (Geda), groupements d’agriculture biologique (Gab), coopératives, réseaux locaux de chambres d’agriculture, ou encore Groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE) sont autant de vecteurs possibles pour faire connaître les pratiques phares des réseaux Dephy.
C’est donc à l’échelon local que ces passerelles doivent se dessiner. Bérengère Thill anime un réseau Dephy viticole lancé dans le Jura en 2016. « Nous ne nous sommes pas donnés d’objectif chiffré en termes d’agriculteurs à atteindre, témoigne-t-elle. Ni de limite géographique à la diffusion de nos acquis. » Ainsi, pendant le « Dephy Tour » organisé en 2018 par le réseau, des évènements ont eu lieu en Côte d’Or et en Saône-et-Loire. Des viticulteurs de Lorraine, Champagne et Val-de-Loire se sont déplacés.
Les rencontres face-à-face comme ligne directrice
« Certaines pratiques sont faciles à mettre en place techniquement, affirme Bérengère Thill. L’enjeu est de les faire connaître, et rien n’est plus efficace que l’échange entre pairs. » Autre mot d’ordre : dépasser les dichotomies bio-conventionnel : « Les expérimentations concluantes sont valables pour tous les modes de production. »
L’objectif visé, ces « 30 000 » fermes à imprégner de l’esprit Dephy, est-il réaliste ? « La dynamique est lancée, répond Bérengère Thill. Nous touchons de plus en plus de monde. À titre d’illustration, nos travaux sur les engrais verts mobilisent 23 vignerons en 2018, contre 16 en 2017, sachant que notre réseau n’en compte que douze. » Pour Virginie Brun la perception extérieure des réseaux par le milieu est un indicateur à suivre : « Dephy doit dépasser sa fonction de laboratoire et devenir un diffuseur de bonnes pratiques. Si l’ensemble du secteur agricole l’identifie comme tel, un grand pas sera franchi. »