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Écophyto, des évolutions pour moderniser le réseau d’épidémiosurveillance et les BSV

Le | Projets-territoriaux

Face à une baisse des budgets alloués au réseau d’épidémiosurveillance et aux bulletins de santé du végétal, les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique ont demandé au CGAAER et au CGDD de réfléchir à des évolutions pour moderniser les deux outils clés du plan Écophyto. Parmi les solutions : une meilleure organisation aux échelles nationale et régionale et des nouvelles techniques d’observation.

Agnès Pannier-Runacher lance, ce 15 mars 2024, un cycle de réunions pour comparer les réglementation - © D.R.
Agnès Pannier-Runacher lance, ce 15 mars 2024, un cycle de réunions pour comparer les réglementation - © D.R.

Le réseau d’épidémiosurveillance des maladies et des ravageurs des cultures ainsi que les bulletins de santé du végétal (BSV) sont indispensables pour réduire l’usage des pesticides. Telle est une des conclusions du rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) et du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) publié le 28 avril. Les deux organismes ont été chargés par leurs ministères de tutelle, l’agriculture et la transition écologique, de faire des recommandations pour moderniser ces deux outils clés du plan Écophyto, alors que leur budget a été réduit de de 23 % en 2019 !

« Les seuls documents objectifs consacrés aux risques sanitaires »

Le réseau d’épidémiosurveillance n’est pas seulement consacré à la réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques : « Il intervient également pour connaître l’état sanitaire des végétaux sur l’ensemble du territoire, surveiller dans le temps et dans l’espace l’évolution des bioagresseurs, qualifier les productions à l’export et soutenir les techniques alternatives aux produits chimiques et à l’agriculture biologique  », rappellent les auteurs. Par ailleurs, les BSV sont les seuls documents « objectifs consacrés aux risques sanitaires, mis à disposition des agriculteurs et qui encadrent la préconisation ». Or, la réduction budgétaire a conduit à l’arrêt en 2019 de certains BSV, essentiellement en zones non agricoles, et à des économies sur la plupart des postes qui ont diversement affecté les filières concernées.

Pour conserver l’efficacité du dispositif malgré les coupes financières, la mission recommande d’organiser à l’échelle nationale un dispositif d’échanges techniques sur les outils et les méthodes d’épidémiosurveillance et de mutualiser les bonnes pratiques. Elle propose ainsi la création d’une instance technique de pilotage de la modélisation.

Une stratégie intégrée au niveau national, des déclinaisons régionales

La contrainte sur les moyens et le cloisonnement constaté entre la surveillance des organismes réglementés et celle de ceux non réglementés, incitent à engager une analyse stratégique sur l’ensemble de la surveillance sanitaire du végétal, ainsi que sur le rôle des différents acteurs (DGAL, Acta et APCA). En somme, le CGAAER et le CGDD préconisent une stratégie nationale intégrée, déclinée en schémas régionaux de maîtrise des risques sanitaires. Les rôles de l’État, des collectivités territoriales et des acteurs professionnels devront être clairement définis, insistent les auteurs.

La mission des conseillers mieux clarifiée

Le maintien d’un réseau diversifié d’observateurs est un enjeu dans le contexte de la séparation de la vente et du conseil des produits phytopharmaceutiques. Cette nouvelle donne incite à inclure dans le référentiel d’agrément des conseillers une participation au réseau d’observation, indique les auteurs. Ils souhaitent également que les agriculteurs et les animateurs des groupes Dephy et « 30 000 » s’engagent davantage dans les observations d’épidémiosurveillance, en utilisant des protocoles simplifiés. « Il ne faut pas tarder à tester puis diffuser de nouvelles technologies d’observation, des applications de sciences participatives, ainsi qu’un outil de saisie des données d’observation sur le terrain », insistent-ils.

BSV, mieux développer les techniques alternatives

Le contenu, la forme et les modes de diffusion des BSV doivent également évoluer en fonction des attentes des publics ciblés. « Le positionnement doit être clarifié entre un outil d’information et de surveillance générale de l’état sanitaire du territoire ou un outil plus directement opérationnel orienté vers l’aide à la décision et qui répond plus directement aux besoins des utilisateurs finaux », précise la mission. Elle préconise de développer les méthodes alternatives à l’usage des produits phytopharmaceutiques et les mesures prophylactiques, de donner davantage de place aux adventices et de revoir la forme et les modalités de diffusion, « en privilégiant l’interactivité et les technologies numériques ».

Négocier les prix des données météorologiques

Enfin, la représentativité et la fiabilité des données météorologiques est à évaluer. « Les achats de données devraient être collectivement négociés auprès de Météo-France et les éventuels compléments trouvés auprès de stations physiques via d’autres fournisseurs de données ou directement en région », précise le CGAAER et le CGDD. Le financement des données mutualisées et en libre accès pour les besoins de l’épidémiosurveillance serait assuré au niveau national.