Écophyto : la région Grand-Est relève le Dephy
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Mis en place dans le cadre du plan Écophyto, le réseau Dephy témoigne de signes très encourageants en matière de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Les acteurs des réseaux Dephy Fermes et Dephy Expé de la région Grand-Est se sont réunis à Laxou (54), le 2 février 2017, pour dresser le bilan de cinq années d’un programme qui concerne aujourd’hui 19 groupes d’agriculteurs, de la polyculture-élevage aux cultures pérennes.
Gagner plus sans traiter plus
Contrairement aux idées reçues, le réseau Dephy a montré une absence de corrélation entre l’Indicateur de fréquence de traitement phytosanitaire (IFT) et la productivité ou les marges brutes de l’exploitation. Sur la période 2011-2015, dans 94 % des sites Dephy, il n’existe pas d’antagonisme entre un faible IFT et un bon niveau de productivité pour le blé tendre. Une tendance qui se traduit dans les résultats économiques des exploitations : dans 78 % des cas, des marges brutes élevées ne sont pas liées à un IFT important.
40 €/ha d’économies
« En colza, les charges du réseau Dephy sont de 80 €/ha contre 120€ pour le reste du territoire », témoigne Jeanne-Marie Labrosse, animatrice Dephy de la Chambre d’agriculture de l’Aube. Le groupe qu’elle suit est parvenu à réduire son IFT de 30 % en cinq ans, sans mettre en péril sa production.
Le principal levier utilisé est l’instauration de nouvelles cultures dans les rotations, comme le chanvre ou le tournesol. « Le chanvre est une culture étouffante qui limite le développement des adventices », souligne la conseillère. Les agriculteurs bénéficient d’une chanvrière à proximité qui offre un débouché pour leur production.
Le biocontrôle comme complément à la chimie
Le réseau Dephy prune de la région Grand-Est est le seul dédié à la production de la mirabelle et de quetsche en France. Les onze exploitations ont testé l’introduction de la confusion sexuelle sur leurs parcelles afin de lutter contre le carpocapse. Avant 2012, les arboriculteurs traitaient jusqu’à cinq fois. Depuis, l’IFT chimique a été abaissé de 1,8 unité. Un passage chimique reste nécessaire en cas de très forte pression, comme ce fut le cas en 2015 et 2016. Seule contrainte au système : le temps de pose qui prend deux jours pour 8,4 ha.
Résister à la peur du risque
L’utilisation de la grille de décision contre la moniliose a aussi été testé sur trois exploitations du réseau prune. Elle engendre une économie d’un à deux traitements par an, contre les cinq pratiqués automatiquement quelle que soit la pression. Cette technique évite ainsi l’apparition de résistance aux produits de la part du champignon.
« Il est important de rassurer les agriculteurs sur les risques et de les convaincre d’expérimenter d’abord sur une partie seulement de leur parcelles ce type de méthode », insiste la conseillère.