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Ecophyto - Les ambitions pour les réseaux Dephy : Sylvie Brochot, ministère de l’Agriculture

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Les journées nationales du réseau de fermes Dephy du plan Ecophyto ont eu lieu les 29 et 30 novembre. Entretien avec Sylvie Brochot, chargée de mission pesticides et systèmes agricoles économes au ministère de l’Agriculture. Référence environnement : Quelle suite allez-vous donner au développement des réseaux Dephy ? Sylvie Brochot  : Nous allons identifier les systèmes de culture performants les plus économes en produits phytosanitaires en nous appuyant notamment sur le travail de la Chambre régionale d’agriculture de Bourgogne*, qui a fourni à la cellule d’animation nationale des réseaux Dephy une démarche méthodologique complète. Cette dernière se fonde sur trois points : l’accompagnement des groupes d’agriculteurs vers une reconception de leurs systèmes de culture, le repérage des systèmes les plus intéressants, la diffusion auprès des autres agriculteurs des informations pertinentes. Pour le premier point, il faut former les conseillers. Ils doivent créer, au sein des groupes qu’ils animent, une dynamique favorable aux interactions professionnelles, à l’apprentissage. Ils doivent aussi susciter la réflexion des exploitants sur leurs pratiques, leur tolérance en termes de mauvaises herbes ou d’attaques dans leurs parcelles. Pour le repérage des systèmes, nous disposons désormais d’indicateurs d’utilisation des produits phytosanitaires, indicateurs économiques et de durabilité. Au niveau du ministère, un travail est également en cours pour élaborer des systèmes d’information permettant à un utilisateur - conseiller ou exploitant - de repérer les meilleurs systèmes de culture mis en oeuvre dans des contextes semblables au sien. Le budget alloué en 2013 pour les réseaux Dephy s’élève à 16,7 millions d’euros, financé à 75 % par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses perçue par l’Onema. Il n’est pas prévu à ce jour d’extension du réseau Dephy. R.E. : Quel sera le lien entre les réseaux de fermes Dephy et les groupements d’intérêts écologiques et économiques prévus par Stéphane Le Foll ? S.B. : Les réflexions sont en cours concernant les futurs groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE) et c’est la loi d’avenir agricole qui définira leur nature. Il s’agira de se doter d’un outil qui permettra de reconnaître et d’accompagner des initiatives collectives allant vers des systèmes de production performants à la fois sur le plan économique et sur le plan environnemental. Cet outil s’inscrit dans le cadre de la démarche « Produisons autrement » qui sera lancée par le ministre de l’agriculture le 18 décembre. Les réflexions sont bien entendu conduites en cohérence avec la réorientation du plan Ecophyto annoncé lors du dernier CNOS du 9 octobre. Tout le travail actuellement développé dans le cadre de Dephy pourra constituer un appui important pour la mise en oeuvre de la politique de transition vers l’agro-écologie souhaitée par le ministre. R.E. : Quel premier bilan faites-vous des réseaux Dephy ? S.B. : Avec les réseaux Dephy, nous sommes dans le développement, mais aux frontières de la recherche. Il y a encore beaucoup de choses à inventer. Il est trop tôt aujourd’hui pour estimer dans quelle mesure nous allons contribuer à faire bouger le monde agricole : il faut du temps pour collecter des données significatives et conduire le changement espéré. On sait d’ores et déjà que 30 % des systèmes de culture en grandes cultures ou polyculture-élevage dans le réseau sont déjà économes en pesticides, avec un IFT inférieur de 50 % à la référence régionale. Il y a d’abord eu la phase de mise en place du réseau puis celle de la collecte de données, il faut de la patience et de la persévérance. En 2013, nous allons les analyser et nous pourrons en tirer davantage de conclusions.

  • Dephy en chiffres*
Total : 1 899 fermes dans 184 groupes dont : Grandes cultures : 597 fermes et 52 groupes Polyculture-élevage : 554 fermes et 55 groupes Viticulture : 356 fermes et 34 groupes Arboriculture : 193 fermes et 20 groupes Légumes : 164 fermes et 19 groupes Horticulture : 35 fermes et 4 groupes. Sur les 114 Ingénieurs réseaux arrivés en 2011, 85 sont issus de Chambres d’agriculture, 14 des réseaux RAD/Civam et apparentés, 10 de coopératives. * début 2012, avec le deuxième appel d’offres