Elevage : les multiples formes de l’agro-écologie
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Comment appliquer les principes agro-écologiques aux élevages ? Quels sont ses ressorts ? Des questions auxquelles à tenté de répondre le colloque organisé à Paris le 20 octobre par le Groupement d’intérêt scientifique (GIS) « Elevages demain ».
Bertrand Dumont, directeur de recherche à l’Inra, détaille les cinq paramètres qu’il retient pour évaluer les pratiques en élevage dans un référentiel agro-écologique. « Chaque exploitation s’adapte à son milieu, à son secteur, pour mobiliser l’un ou l’autre de ces paramètres, ou plusieurs, détaille le chercheur. Il y a différentes manières d’être agro-écologique. »
Gestion intégrée de la santé des animaux
Plusieurs leviers sont actionnables. Réduire les contacts des animaux sensibles (jeunes, en gestation…) avec les milieux à risques, par exemple. Renforcer la résistance des animaux est également possible : le sainfoin, dans la ration, joue un rôle positif contre les vers parasites. Enfin, dans le cas où un traitement est indispensable, des méthodes alternatives existent.
Diminution des intrants et réduction des pollutions
Ces deux aspects peuvent être complémentaires. Ils peuvent passer tous les deux par un bouclage des cycles. Bertrand Dumont cite la méthanisation comme exemple de l’intégration cultures-animaux. Une unité peut chauffer les bâtiments d’élevage et le fournir en électricité, fonctionner avec les déjections des animaux et les résidus de cultures, et ses substrats peuvent servir à fertiliser les parcelles.
Diversité des systèmes pour augmenter la résilience
La diversité ne concerne pas seulement les espèces implantées dans les prairies. Faire cohabiter des espèces dans un même parc a des intérêts. Par exemple, des chevaux partageant la pâture d’ovins permet une utilisation plus complète des couverts, réduit la charge parasitaires, et peut même jouer un rôle dissuasif contre les prédateurs.
Préservation de la biodiversité en adaptant les pratiques
En zone proche de marécages, certaines espèces d’oiseaux nidifient uniquement dans les prairies dont le couvert n’est pas trop haut. Envoyer les troupeaux à la pâture sur ces zones en amont de la période de nidification est bénéfique à ces espèces, sans demander d’investissement.
- Débats sur l’agro-écologie « politique »
Rik Vandererven, représentant du ministère de l’Agriculture, a rappelé les principes forts de l’action de Stéphane Le Foll en matière d’agro-écologie, et rebondi sur certaines notions évoquées dans les débats. Besoin d’échanges plus ascendants depuis le terrain ? « C’est le rôle des GIEE, dont 60 % son centrée sur l’élevage. » Enjeux de la massification des notions agro-écologiques ? « C’est le sens de l’outil d’autodiagnostic gratuit et en ligne. » Nécessité de ne pas réduire l’agro-écologie à son maillon agricole ? « Le ministre n’a de cesse d’évoquer une approche systémique, et veut sensibiliser les filières et les consommateurs. » Rik Vandererven s’est toutefois fait attaquer sur le registre réglementaire : « Il y a trop de normes, et certaines sont contraires à l’agro-écologie » a lancé Jacques Jaouen, de la Chambre d’agriculture de Bretagne, citant notamment les difficultés réglementaires à instaurer une économie circulaire entre exploitations d’une même zone.