Enjeu climatique en Picardie : s’adapter et accueillir de nouvelles cultures
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Référence-environnement.com poursuit son tour des régions sur le thème de l’agriculture et du réchauffement climatique. Cette semaine, arrêt en Picardie avec Olivier Dauger, président de la Chambre d’agriculture de l’Aisne et référent climat à la Chambre régionale de Picardie.
Référence environnement : Comment l’enjeu climatique est-il abordé dans votre région ?
Olivier Dauger : On le vit déjà depuis 20 à 25 ans. Toutes les filières sont concernées. L’impact est visible sur les dates de récolte, l’évolution des parasites, ou encore sur les sols. Nous connaissons déjà le phénomène des années sans hiver avec son impact sur la pression des bioagresseurs. Par exemple, sur le blé, l’hiver doux de 2013 a augmenté de manière conséquente les attaques de rouille. L’impact n’est pas toujours négatif. Le réchauffement climatique pourrait bénéficier à la productivité de la betterave du fait d’un cycle continu de la plante. De nouvelles cultures, qui existaient jusqu’à présent au sud de Paris, sont désormais possibles, à l’instar du soja. On parle aussi de cultiver du blé dur, de semer des betteraves à l’automne. Ce qui permettrait d’ouvrir les usines trois mois plus tôt. R.E. : Quels sont les leviers que vous mettez en œuvre avec les agriculteurs ? O.D. : Nous travaillons sur l’adaptation des pratiques. En élevage, nous menons une réflexion sur l’autonomie alimentaire, notamment pour les systèmes herbagers fragilisés par la sécheresse, avec une augmentation de la production de protéines. En céréales, les agriculteurs devront adapter les variétés, revoir la date de semis… Un des leviers majeurs est la couverture des sols en hiver, une mesure obligatoire de la directive nitrates mais qui sert à l’enjeu climatique. Elle permet également d’atténuer l’impact de l’agriculture sur le climat par la captation du carbone dans les sols. R.E. : Est-ce que la filière agricole picarde est bien sensibilisée ? O.D. : Le réchauffement climatique oblige tout le monde à se réunir. Nous travaillons avec l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), les instituts techniques, les coopératives et leurs services agronomiques. Même si le climat évolue, il fait continuer à répondre aux exigences qualitatives des industriels. Et ces derniers doivent aussi réfléchir à intégrer l’évolution des cultures. Les agriculteurs sont bien sensibilisés car ils constatent réellement l’impact du réchauffement. Ils attendent des réponses techniques et sont en recherche d’adaptation pour que leur système d’exploitation soit moins impacté.