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Et si l’eau nous était comptée…

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La table ronde de la deuxième journée des Entretiens de nutrition de l’Institut pasteur de Lille, le 4 juin dernier, a soulevé la question de la pénurie d’eau : sommes-nous réellement menacés ? Pour les experts en présence, il semblerait que oui. Le risque existe réellement et pas uniquement pour les pays les moins développés du globe. Car l’équation « ressources en eau » intègre la variable « qualité de l’eau ». Or, « les fermetures de forages pour cause de pollution industrielle existent en France, comme c’est la cas parfois en région Nord Pas-de-Calais », souligne Philippe Dupraz, P.-d.-G. des Eaux du Nord. Néanmoins, tant que l’eau coule de leurs robinets, bien qu’ils fassent des efforts pour réduire leur consommation, les Français s’inquiètent peu de ce risque, leur principale préoccupation étant le prix, fera remarquer Bruno Catiau, de la commission environnement de l’UFC Que choisir à Lille. Et c’est bien là le paradoxe : « Si on économise l’eau, son prix augmente », argue Marc Laimé, du Conseil en politiques publiques de l’eau auprès des collectivités. La raison : le service public doit rester rentable. A lui seul, ce paradoxe illustre bien la complexité du problème. « On ne peut pas apporter de réponse individuelle à un problème collectif », soulignera Marc Laimé. Et d’ajouter : « La question de la gestion de l’eau est à voir sur le plan global, car c’est l’ensemble du cycle de l’eau qui va être impacté par les changements actuels (climatiques, démographiques, etc.). » Selon Bruno Catiau, ces changements sont à opérer rapidement et doivent commencer par une révision du volet productiviste de la politique agricole commune (PAC), qui a conduit à des pratiques aberrantes sur un plan environnemental « .  »Une approche globale d’aménagement du territoire peut atténuer ces problèmes, indique alors Pierre Chevalier, de l’Institut languedocien de recherche de Montpellier. L’eau traverse des milieux qui vont la polluer, mais d’autres milieux peuvent l’épurer. Des solutions existent, mais il y a des efforts à faire et une réflexion à mener avec l’ensemble des acteurs de la société pour continuer à rêver d’une gestion mondiale de l’eau."