Financer l’agroécologie par d’autres secteurs d’activité
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Par des financements publics ou privés, la transition agroécologique doit être soutenue à la hauteur des risques pris et des services rendus par les agriculteurs. C’est ce qu’ont défendu les intervenants d’une table ronde organisée le 16 septembre par BPI France et l’agence Rumeur publique.
Si à terme l’agroécologie peut-être plus rentable que l’agriculture conventionnelle, la transition nécessite des moyens financiers et peut entraîner des pertes de rendements. La question de la rémunération de cette prise de risque se pose.
Externaliser le financement de l’agriculture
« On se voile la face si on pense que la solution est de faire payer plus aux consommateurs, indique Rochel Kolbe, directrice RSE du groupe InVivo, à l’occasion d’une table ronde organisée par BPI
France et Rumeur publique sur le rôle de l’agroalimentaire dans l’adaptation de l’agriculture aux défis environnementaux, organisée le 16 septembre. La responsabilité doit être assumée par tous les maillons de la chaîne. » Un point de vue partagé par Maximilien Rouer, co-fondateur de la Note Globale : « Nous devons sortir du secteur agricole le paiement de services écosystémiques. L’agriculture est le seul secteur à stocker du carbone de manière massive, arrêtons de demander aux consommateurs de payer pour ça et impliquons l’ensemble des secteurs d’activité. »
Pour aller dans cette voie, les agriculteurs doivent être capables de mesurer l’impact de leur pratique sur l’environnement. « Cela est indispensable pour pouvoir les valoriser de manière multiple,
poursuit Rochel Kolbe. Nous avons besoin de connaissance scientifique et d’outils pour pouvoir le faire. »
Prendre en charge le risque
Pour accompagner cette transition, certains groupes agroalimentaires développent la contractualisation avec les agriculteurs. Des systèmes qui ont encore leurs limites. « Nous proposons des contrats aux producteurs, sur certains volumes, mais un des freins à ce dispositif est l’absence de caisse d’assurance en cas de pertes de récoltes, explique Océane Chat-Morteau, responsable du
projet agroécologie pour les filières végétales chez Carrefour. Cette voie n’est pas un filet de sécurité en cas de perte sèche. »
Une transition poussée par les agriculteurs
L’absence de solution à ce niveau pourrait freiner le déploiement des pratiques agroécologiques. « Bien sûr il y a l’enjeu de massification de la transition, mais nous avons besoin avant tout de
pionniers, insiste Anne Trombini, directrice de l’association Pour une agriculture du vivant. Nous allons nous emparer du Plan de relance pour pousser ce sujet. » Elle insiste sur la place des agriculteurs : « La transition doit être poussée par les agriculteurs et non tiré par l’aval ».