Flavescence dorée de la vigne : mieux évaluer le risque dans les régions

Le 31 juillet, le ministère de l’Agriculture a publié une instruction technique, nommé « ordre de méthode », sur les modalités de surveillance et de détection des phytoplasmes de la vigne (flavescence dorée et maladie du bois noir) ainsi que sur l’organisation de la lutte obligatoire contre la flavescence dorée et son vecteur. Une méthodologie pour les acteurs du territoire concernés qui fait suite à la publication d’un nouvel arrêté ministériel, le 19 décembre 2013, réglementant les mesures de lutte contre le phytoplasme de la flavescence dorée et son vecteur. « Cet ordre de méthode s’applique au 1^er août 2014. Elle est donc utilisable pour les prochaines prospections au vignoble et pour celles des années suivantes », indique Jacques Grosman, expert national vigne à la DGAL. La flavescence dorée provoque le dépérissement des ceps de vigne. Elle est provoquée par un phytoplasme (bactérie) qui est mentionné parmi les organismes réglementés au niveau européen dans le cadre de la directive 2000/29/CE. Ce qui en fait un organisme de lutte obligatoire en France. Mieux calibrer le nombre de traitements insecticides L’objectif de l’ordre de méthode est de préciser les modalités de lutte contre la maladie en prenant en compte les évolutions de l’arrêté national. Il s’agit notamment d’aboutir à une meilleure évaluation du risque phytosanitaire pour mieux calibrer le nombre de traitements insecticides ou le champ d’application des traitements à l’eau chaude des plants. Une grille est publiée en annexe pour orienter l’analyse de risque. « Nous souhaitons donner des outils permettant de mieux organiser la concertation au sein des commissions départementales, notamment dans le cas d’un allègement de la lutte insecticide, poursuit Jacques Grosman. Rappelons qu’il y a une obligation de déclaration et d’arrachage des ceps contaminés. Certains vignobles, historiquement touchés, arrivent à contenir la maladie, c’est-à-dire éviter la recrudescence de foyers important, en limitant la protection insecticide sur la base d’une surveillance renforcée de la maladie et du vecteur. C’est par exemple le cas en Aquitaine. » Pour l’expert, il faut notamment étendre la surveillance au-delà du périmètre de lutte obligatoire. « Le sujet est complexe : dans les périmètres de lutte, définis suite à la découverte de la maladie, les vignerons sont obligés de traiter en préventif du fait du décalage entre la contamination du cep par un insecte infecté et l’expression des symptômes l’année suivante », indique l’expert. Cette complexité à prévoir la propagation du phytoplasme a défrayé la chronique cette année en Bourgogne. Suite à la découverte d’un foyer important en Saône et Loire en 2011 et au risque important de propagation constaté en 2012, un périmètre de lutte, couvrant les deux départements de Saône-et-Loire et de Côte-d’Or, a été mis en place par le Sral de Bourgogne en concertation avec les professionnels, avec une obligation d’un ou de trois traitements selon les zones. « Lutte obligatoire et Ecophyto ne sont pas incompatibles » « D’où l’épisode Giboulot », reconnait Jacques Grosman. Emmanuel Giboulot, viticulteur de Côte-d’Or, avait alors refusé de traiter ses vignes, gérées en biodynamie, malgré l’arrêté préfectoral de lutte obligatoire contre la flavescence dorée. Il a été reconnu coupable par le tribunal correctionnel de Dijon et condamné le 7 avril à payer une amende de 1 000 euros dont 500 avec sursis. « Mais lutte obligatoire et Ecophyto ne sont pas incompatibles, martèle Jacques Grosman. Le meilleur moyen de lutte est de prévenir donc de surveiller la maladie et de la déclarer au plus avant qu’elle ne se propage sur de grandes surfaces. Dans le cas de la Bourgogne, l’effort de surveillance, fortement soutenu par les professionnels, a permis d’établir un bon bilan de la situation sanitaire et a déjà permis de réduire de 40 % la surface traitée en 2014. » Lien vers la circulaire : Modalités de surveillance et de lutte contre les phytoplasmes de la vigne (flavescence dorée et bois noir).