FNE voit la vie en vert et bleu
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((/public/borloooo.jpg|borloooo.jpg|R))__Un congrès qui accueille le même jour un ministre (Jean-Louis Borloo) et sa secrétaire d’Etat (Chantal Jouanno) : voilà qui témoigne de la place incontournable prise par France Nature Environnement (FNE) en matière d’environnement et de développement durable.__ La fédération avait réuni ses adhérents les 12 et 13 mars à Lille avec au menu des deux journées plusieurs thèmes qui lui sont chers : la trame verte et bleue, la biodiversité et les changements climatiques. 10 % de la surface agricole en infrastructures agro-écologiques et moins de 30 % d’intrants dans le chiffre d’affaires de l’exploitation, telle est la vision par la FNE d’une agriculture à haute valeur environnementale. J.P. La mise en place d’un réseau écologique national, nommé « trame verte et bleue » a été la mesure prioritaire présentée par le Groupe 2 « Préserver la biodiversité et les ressources naturelles » du Grenelle de l’environnement. Le constat a été fait par les scientifiques : la « fragmentation » du territoire national induit un « fractionnement et une fragilisation » des populations animales et végétales, y compris pour les espèces ordinaires. La trame verte et bleue vise donc à les reconnecter tout en permettant leur redistribution géographique due au changement climatique. « La trame verte et bleu est un nouveau souffle pour construire l’avenir de nos territoires », a indiqué Serge Urbano, pilote du réseau Milieux Naturels et vice-président de FNE. Pour sa part, Jean-Claude Bévillard, pilote du réseau agriculture et secrétaire national de FNE a situé la trame verte et bleue dans l’espace agricole. « Les infrastructures agro-écologiques telles que les haies, les prairies permanentes ou les zones humides, ont matière à constituer des continuités écologiques pour répondre à la conservation d’espèces ou d’habitats. C’est dans les régions de grandes cultures qu’un effort important doit être réalisé ». Cette trame n’est pas antagoniste mais, au contraire, tout à fait en symbiose avec l’activité agricole : « en abritant la faune auxiliaire, en limitant l’érosion des sols, en préservant la ressource en eau, la trame concourt à la production actuelle mais à la fonction nourricière de l’agriculture pour les décennies à venir. Cet objectif d’une continuité écologique serait pleinement atteint dans une agriculture à haute valeur environnementale telle demandée par FNE : 10 % de la surface agricole en infrastructures agro-écologiques et moins de 30 % d’intrants dans le chiffre d’affaires de l’exploitation ». Le Grenelle 2 débattu avant l’été FNE est symbolisé par un hérisson, « un animal très gentil mais qui peut se mettre en boule et piquer quand il est en colère », a fait remarquer, non sans malice, Chantal Jouanno au début de son intervention. Peu de piques à l’encontre de la secrétaire d’Etat qui avait pris la précaution de saluer le travail de la fédération « avant, pendant et après le Grenelle ». Chantal Jouanno a précisé que le Grenelle 2 « boîte à outil du Grenelle », qui détaille les principes du Grenelle 1, devrait débattu au Parlement avant l’été. Elle a également appelé à la création d’une Agence nationale de la Biodiversité. Ce nouvel outil serait notamment chargé de « parfaire les connaissances scientifiques dans le domaine de la biodiversité » et de proposer des « actions de formations à tous les partenaires territoriaux ». Enfin, à l’instar de Jean-Claude Bévillard, Chantal Jouanno a souligné elle que « s’il y a bien un secteur qu’il ne faut pas opposer à l’environnement, c’est bien l’agriculture ». Et d’ajouter : « La certification environnementale est une voie privilégiée pour faire progresser, sur une base volontaire, l’ensemble des exploitations vers une agriculture plus durable, ainsi que de le faire reconnaitre et valoriser vers leurs efforts ». La secrétaire d’Etat à l’Environnement a rappelé que les résultats de l’expérimentation du référentiel environnemental lancée dans 5 départements Ille et Vilaine, Oise, Meuse, Rhône et Tarn seraient connus en avril. L’expérimentation a pour objet de vérifier, sur le terrain et dans des contextes variés, la pertinence du référentiel environnemental, la manière dont ces exigences s’intègrent dans le fonctionnement de l’exploitation ainsi que leur compatibilité avec les autres démarches déjà existantes. Elle devra aussi aider à préciser les modalités de mise en oeuvre de la certification de 3e niveau (Haute Valeur Environnementale) fondée sur des indicateurs. Un Giec de la biodiversité pour début 2010 Tout comme sa secrétaire d’Etat, Jean-Louis Borloo, rêve de la création d’un mécanisme international d’expertise sur la biodiversité, comme le Giec pour le climat. L’idée d’un Giec de la biodiversité avait été émise par la France en janvier 2005, à l’occasion d’une conférence internationale à Paris. Le principe en avait été approuvé en mai 2008 lors d’une réunion des Nations unies mais des blocages sont apparus quand il a fallu entrer dans le concret lors d’une première réunion intergouvernementale en novembre, à Putrajaya, en Malaisie. Certains pays comme le Brésil ou la Colombie, qui abritent une faune et une flore d’une exceptionnelle richesse, ont manifesté leurs réticences. Pourtant un projet de création d’un Ipbes (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), prémice du Giec, a été lancé le 19 février à Nairobi (Kenya) lors de la réunion intergouvernementale organisé par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Jean-Louis Borloo se veut optimiste : le Giec de la biodiversité pourrait être créé « en janvier ou février 2010 ».