Focus sur l'élaboration du Schéma régional biomasse en Auvergne-Rhône-Alpes
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Référence-environnement : Comment organise-t-on la construction d’un schéma régional biomasse à l’échelle de douze départements ?
Cécile Philibert : D’abord, en mettant en place une gouvernance adaptée. Le premier comité de pilotage s’est déroulé en juillet 2016. Il rassemble le secrétariat général pour les affaires régionales (SGAR), la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) et l’Ademe régionale, ainsi que la Région Auvergne Rhône-Alpes, qui copilote le schéma avec l’État.
Un comité technique a été mis en place. Il compte une quarantaine de membres. Le choix a été fait de décloisonner les thématiques, plutôt que de multiplier les comités techniques. Bois-forêt, agriculture-agro-alimentaire et gestion des déchets sont donc abordés de manière transversale. Pour aller plus loin sur chacun de ces sujets, des ateliers dédiés ont été organisés.
R.E. : Les SRB doivent se baser sur un état des lieux. Est-il terminé ?
C.P. : Il est en cours de finalisation, nous estimons que 90 % du travail est fait, y compris en termes de rédaction. Nous sommes en mesure de définir l’existant, et d’estimer la biomasse disponible à l’horizon 2035. Ces données ne sont pas encore rendues publiques, mais elles sont partagées avec l’ensemble des parties prenantes. Nous avons notamment pu établir des hypothèses hautes et des hypothèses basses pour chaque gisement. Nous pensons possible de terminer cette partie du SRB pour l’été 2018.
R.E. : Qu’en est-il du document d’orientation attendu ?
C.P. : Il n’est pas encore dans la phase de rédaction, mais une moitié du travail de fond est validée. Nous avons présenté l’état des lieux, lors du premier trimestre 2018, au comité de pilotage. Reste à définir avec lui les hypothèses d’évolution à retenir.
Ce document s’appuiera sur un plan d’actions également en cours d’élaboration. Nous avons reçu plus de 200 propositions. Nous avons pris le temps de prioriser, d’estimer leurs coûts… La loi ne nous demande pas d’aller aussi loin, mais nous pensons indispensable de bien calibrer ce plan. À l’heure actuelle, une trentaine d’actions ont été retenues comme prioritaires. La rédaction du squelette de ces fiches est en cours. Elles seront à valider par les structures-pilotes pressenties avant d’être finalisées.
R.E. : Comment organisez-vous ces tâches, concrètement ?
C.P. : En l’absence de crédit, il a rapidement été décidé de fonctionner « en régie ». C’est-à-dire de confier l’ensemble du projet aux services de l’État en région et services de la Région. Une formule qui a des avantages et des inconvénients. C’est très sollicitant, et l’avancée est plus lente car ce dossier s’ajoute aux autres. En revanche, ça permet une vraie visibilité sur l’ensemble des thématiques, qui facilite la mise en cohérence du SRB avec les autres dispositifs régionaux. Nous ne nous appuyons sur un bureau d’étude que pour l’évaluation environnementale et stratégique du SRB, qui est menée, depuis début 2018, au fur et à mesure de l’avancée de nos travaux.
R.E. : Quels sont les grands enseignements à tirer, à ce stade, pour le secteur agricole ?
C.P. : L’agriculture représente environ 40 % du mix énergétique basé sur la biomasse, à horizon 2035. Le potentiel de ce secteur, dans nos hypothèses hautes, s’établit à 730 ktep sur 1880 ktep en tout. Au final, nous devrions plutôt miser sur 450 ktep pour l’agriculture, ce qui impliquerait déjà de multiplier par sept la cadence d’installation d’unités de méthanisation, par exemple. Soit 70 nouveaux méthaniseurs chaque année.
Nous avons découvert ou redécouvert les possibilités liées au secteur agricole. La construction du SRB, c’est avant tout cela : l’occasion de se saisir concrètement d’un sujet, de mesurer les potentialités de la biomasse, qui étaient jusque là mal cernées.