Grand-Est : les chambres d’agriculture mobilisées autour de la méthanisation
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Avec 90 méthaniseurs en fonctionnement, 36 unités supplémentaires qui devraient l’être sur 2018 et une centaine de dossiers en cours de réflexion ou de montage, le Grand-Est se situe comme l’une des grandes régions françaises en termes de méthanisation avec la Bretagne. Cette dynamique a poussé les chambres d’agriculture des neuf départements à se réunir le 19 avril dernier, à Laxou (54). « L’idée était d’évaluer la situation, les perspectives et éventuels manques à combler, explique Laurent Rouyer, président de la Chambre régionale. Une vingtaine de collaborateurs référent énergie étaient présents. »
Intégrer des cultures méthanogènes dans la rotation
La place du végétal dans le gisement de biomasse disponible a été abordée. Un enjeu important notamment en Champagne-Ardenne, où les élevages se font rares. « Nous ne voulons pas bousculer les équilibres et filières existantes, explique Laurent Rouyer. Nous ne souhaitons pas méthaniser des cultures alimentaires. »
Les chambres se positionnent plutôt en faveur de rotations à trois cultures par an. Une culture méthanogène serait intégrée entre les cultures d’hiver et de printemps. « Les atouts dépassent la production de biogaz : ces cultures piègent des nitrates, captent des gaz à effets de serre, favorisent la biodiversité et cassent les cycles des mauvaises herbes », liste Laurent Rouyer.
Optimiser l’épandage des digestats
Quelles seraient les cultures à implanter ? C’est justement ce que doivent définir les chambres. Un travail bibliographique et un point sur les recherches actuelles sur la région sont prévus, avant une phase d’expérimentation. Un travail qui ne bénéficiera pas uniquement à la Champagne-Ardenne : « L’ajout d’un gisement est aussi une sécurité pour les zones d’élevage, et un moyen d’optimiser les installations, une fois qu’elles fonctionnent », commente Laurent Rouyer.
Concernant le retour du digestat à la terre, un plan de suivi, déjà opérationnel en Lorraine, va être élargi à l’ensemble du Grand-Est. « L’objectif est d’optimiser l’épandage, explique Laurent Rouyer. Une étude montre que si tous les effluents d’élevage de la région étaient méthanisés, le digestat produit rendrait le Grand-Est autonome en N, P et K. »
Premier bilan à l’automne
La journée du 19 avril a enfin été l’occasion d’aborder le sujet de la communication auprès du plus grand nombre : les unités restent plutôt mal vues par les riverains. Au sein des chambres elles-mêmes, un décloisonnement des services énergies, productions animales et productions végétales est prévu sur la thématique « méthanisation ».
Un premier bilan des actions initiées est prévu pour fin septembre, début octobre.