Green Pellets mesure la durabilité des agrocombustibles
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L’expérimentation Green Pellets, réalisée en Bretagne et en Pays-de-la-Loire de 2009 à 2011, est une première nationale sur la durabilité des filières agrocombustibles, soutenue par un financement européen Life. Les résultats ont été dévoilés le 23 septembre à Rennes par l’association Aile (Associations d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement) et l’Ademe. Parce que le bois est une ressource limitée, les agrocombustibles doivent se développer selon Aile. Quelles sont ces cultures énergétiques ? Il s’agit du miscanthus surtout, du chanvre, du switchgrass, de la paille ou encore des résidus d’entretien du territoire. Deux coopératives se sont inscrites dans Green Pellets : la Coopédom en Ille-et-Vilaine et la Cavac en Vendée. Peu coûteuses en temps Pourquoi les agriculteurs investissent-ils dans les agrocombustibles ? « Certains recherchent l’autonomie énergétique ; d’autres, proches de la retraite, sont intéressés par une culture peu consommatrice de main d’œuvre et de temps de travail, explique Aurélie Leplus, chargée de mission Aile. Ceux qui sèment des cultures énergétiques annuelles veulent souvent conserver un maximum de souplesse dans la rotation et pouvoir utiliser les cultures énergétiques en fourrages certaines années. » Alimentation contre énergie Les principales questions soulevées concernent la concurrence avec les filières alimentaires, le risque d’intensification des cultures, et la préservation des espaces naturels. « Il faut d’abord que l’espace agricole serve à l’alimentation », insiste Jean-Luc Toullec, de l’association environnementale Bretagne Vivante. Les partenaires du projet proposent ainsi de limiter la surface par exploitation, de 10 à 15 % de la SAU. « Avec 5 % de cultures énergétiques sur le territoire, certes la fourniture alimentaire en protéine baisserait du même rapport mais l’énergie produite correspondrait à 7 % de la consommation du territoire, poursuit Aurélie Leplus. Or, nous mangeons 30 % de plus que nos besoins énergétiques, selon la FAO. Il faut repenser nos habitudes alimentaires : si nous mangions moins, nous pourrions améliorer notre capacité énergétique. » Environnement : des chiffres à discuter Quid du bilan environnemental ? Aile et IFP Energies Nouvelles ont réalisé l’analyse de cycle de vie des filières agrocombustibles en comparaison avec les filières bois, gaz naturel et fioul. Si les émissions de CO2 sont moindres qu’avec le gaz naturel et le fioul, et sont comparables avec celles de la filière bois. En revanche, la combustion de granulés mixte bois-miscanthus génère un potentiel d’acidification deux fois plus élevé que celui du gaz et 60 % plus fort que le granulé bois seul. Des chiffres toutefois discutables. En effet, l’étude a pris comme hypothèse de départ un apport de lisiers de porcs et de potasse, du fait notamment de la forte présence d’élevage dans les deux régions, ainsi que l’application de pesticides. Or, les participants au colloque ont insisté sur le fait que le miscanthus ne nécessitait pas de tels apports. Ce qui changerait évidemment les bilans environnementaux. Manque de volonté politique Reste que sans volonté politique, les filières agrocombustibles ne pourront se développer de manière significative. Si Gilles Petitjean, directeur de l’Ademe Bretagne, reconnaît que ces filières ne posent pas de vrais problèmes environnementaux ni d’acceptation sociétale, « il faut être conscient qu’il n’y a pas de financement dédié à cette filière, a-t-il déclaré. Il faut d’abord mobiliser la ressource forestière. A terme, cette filière pourrait représenter 1 % de l’énergie en Bretagne, mais difficilement plus. Il faut encore réaliser des études pour démontrer la rentabilité économique des agrocombustibles. » Photos : Stéphanie Ayrault