Hauts-de-France, trouver la bonne méthode pour stimuler les conversions en bio
Le | Projets-territoriaux
Pour favoriser une dynamique bio dans le Nord-Pas-de-Calais, un projet de « contrat de filière » avait été imaginé en 2015. Initié par le Gabnor, association qui est devenue Bio Hauts-de-France suite à la réforme des Régions, le projet visait à assurer aux producteurs un bouquet de débouchés pour les cultures intégrées dans leurs rotations dans le cadre de la conversion : du légume de plein champ aux céréales et oléoprotéagineux. Différents opérateurs de l’aval étaient impliqués afin de garantir des prix pour ces productions. Quatre ans plus tard, cette ambition de départ n’a pas été aussi loin qu’espéré.
Un diagnostic validé…
Pour Simon Hallez, co-directeur de Bio Hauts-de-France, le diagnostic réalisé à l’époque tient toujours la route. « Dans notre région, la bio est surtout stimulée par les légumes de plein champ. La nécessité de diversifier les cultures et d’assurer un équilibre entre cohérence agronomique de nouveaux assolements bio et la demande du marché reste pertinente. » En début de projet, plusieurs réunions organisées dans ce sens se sont d’ailleurs avérées constructives. Des sessions collectives rassemblant jusqu’à 30 acteurs de la filière, et des échanges plus ciblés, sur une exploitation avec les opérateurs locaux, ont permis l’instauration d’un dialogue qui a contribué à décloisonner les filières.
… mais des écueils dans la concrétisation du projet
« Malheureusement, il a été difficile de traduire cela en véritable contrat », constate Simon Hallez. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette impasse. « La phase de réunions préliminaires aurait dû être approfondie. Nous avons probablement abordé la thématique « prix » trop vite », juge Simon Hallez. De plus, pour les opérateurs de l’aval, dont certains sont clairement des concurrents, travailler ensemble sur une initiative abordant des questions de prix s’est avéré difficile. Le Gabnor, pilote du projet, « est peut-être allé trop loin dans la construction de ces contrats, ce qui a pu être jugé intrusif par les parties prenantes », reconnaît enfin Simon Hallez. Un premier bilan, début 2017, a entériné ces écueils.
Changement de méthode
Devenue Bio Hauts-de-France, la structure poursuit ses objectifs sur le fonds après avoir revu sa copie sur la forme. « Les opérateurs, notamment les coopératives, nous ont fait comprendre qu’elles voulaient choisir leurs partenaires avec qui elles souhaitaient proposer un bouquet de solutions aux producteurs, explique Simon Hallez. Nous jouons désormais plutôt un rôle de conseil, d’appui, de sensibilisation et de pédagogie auprès des producteurs, mais nous laissons la main à ces opérateurs. » L’idée est de continuer, autrement, à encourager un déploiement pérenne du bio, et d’éviter la logique d’une « intensification » des exploitations existantes.
Pour faciliter le décloisonnement entre les parties prenantes de la filière grandes cultures/légumes de plein champ, Bio Hauts-de-France organise tous les deux ans des « Rencontres grandes cultures bio », avec les chambres d’agriculture. La dernière édition a rassemblé une centaine de participants dont 25 acteurs économiques divers. L’adéquation entre rotation et marchés est également abordée dans un document de l’association qui devrait être réédité en 2020 : « Anticiper et s’organiser pour valoriser l’ensemble de sa rotation en céréales et légumes de plein champ bio ».