La certification environnementale, « oui, mais quel bénéfice pour nous agriculteurs ? »
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__La certification environnementale des exploitations a fait l’objet d’une expérimentation dans cinq départements (1) français courant février et mars et les compte-rendus de ces tests de terrain sont désormais entre les mains du ministère de l’Agriculture. Des compte-rendus qui permettent déjà d’en savoir un peu plus sur les réactions des agriculteurs audités dans le cadre de cette expérimentation__ : « Les exploitants sont globalement très ouverts à la démarche, car en fait très demandeurs de savoir s’ils sont dans les clous en matière environnementale, souligne Cécile Fraysse, conseillère à la chambre d’agriculture du Tarn et en charge de ce dossier. Si le niveau 2 correspond effectivement à des pratiques d’enregistrement qui parfois existent déjà sur les exploitations, le niveau 3, qui constitue la grande nouveauté, suscite bien des interrogations. Le fait qu’aucun seuil n’ait été défini pour ce niveau 3 ne permet pas de dire aux agriculteurs s’ils sont effectivement du bon côté de la barrière. Et la question majeure tourne autour du bénéfice que les agriculteurs peuvent en retirer : valorisation de leur produits, image aurpès du grand public, intérêt financier ? ». Pour Bruno Boschiero, chargé d’études économiques à la Chambre d’agriculture de la Meuse et qui pilote également le dossier, « les agriculteurs sont convaincus de la nécessité d’intégrer les aspects environnementaux, mais ces derniers ne doivent pas être déconnectés des réalités du terrain. Le niveau 1 correspond grosso modo au respect de la réglementation existante, et le ministère considère que c’est acquis pour la majorité des exploitations, ce qui est loin d’être le cas… Les questionnaires par exemple sont très orientés grandes cultures et les éleveurs ont eu du mal à s’y retrouver. La gestion des déchets agricoles, pour laquelle la profession fait de plus en plus d 'efforts, n’apparaît pas. En Meuse, une bonne proportion d’exploitations est déjà engagée dans des démarches qualité, il faut que le niveau 2 permette d’établir des passerelles avec ces démarches déjà existantes, afin que le système ne soit pas trop lourd. Et globalement les agriculteurs s’interrogent sur la valorisation et le coût de cette certification ». D.P. (1) Ille-et-Vilaine, Meuse, Oise, Rhône, Tarn. Pour la définition des différents niveaux, voir http://agriculture.gouv.fr/sections/magazine/focus/certification