La Chambre d’agriculture insatisfaite du futur Sdage Loire-Bretagne
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Le projet de Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux 2022-2027 sera prochainement mis en phase de consultation auprès des collectivités. Certains points provoquent le mécontentement, notamment sur les nitrates. Réactions de Edwige Kerboriou, vice-présidente de la Chambre d’agriculture Bretagne.
Le comité de bassin Loire-Bretagne a adopté le 22 octobre le projet de Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux 2022-2027 (Sdage). Il concerne, entre autre, les périodes de prélèvement des eaux et la gestion des flux de nitrates, avec des mesures qui ne sont pas toutes en accord avec le terrain selon la Chambre d’agriculture Bretagne. Entretien avec Edwige Kerboriou, vice-présidente de la Chambre d’agriculture Bretagne en charge de l’environnement.
Référence agro : Le Sdage Loire Bretagne demande aux agriculteurs de réduire une nouvelle fois les flux de nitrates de 30 % sur les baies algues vertes. Quelle a été la réaction de la Chambre d’agriculture ?
Edwige Kerboriou : Le projet ne prends pas en compte les efforts déjà faits. Le Plan algues vertes (Plav ) par exemple a fixé des objectifs pour réduire la concentration des nitrates à moins de 20mg/L. Aujourd’hui, certains de ces bassins ont atteint ou presque cet objectif. Réduire à nouveau la
concentration en nitrates de 30 % va se révéler extrêmement difficile, voire infaisable. Nous voulons que le Sdage reconnaisse les évaluations des Plav et adapte ainsi les objectifs aux différents bassins.
RA : Des restrictions en eau sont également à prévoir…
E.K. : Le Sdage a raison de vouloir limiter les prélèvements en eau. Les ressources en Bretagne sont limitées, et le seront de plus en plus. Cependant, il serait perspicace d’étendre ces mesures sur l’ensemble des usages. Les ressources en eau potable sont sanctuarisées : des villes comme Rennes peuvent puiser dedans sans restrictions. Des secteurs, tel que le tourisme sont grands consommateurs d’eau, mais ils ne sont pas mis sur un pied d’égalité avec le monde agricole et l’industrie .
RA : La phase de consultation aura lieu début 2021. Quelle sera votre position ?
E.K. : Nous voulons que les mesures prises soient en accord avec la réalité du terrain. Des efforts sont réalisés depuis bientôt trente ans par les agriculteurs pour préserver cette ressource. Il serait temps de se rendre compte que les exploitants ne sont pas que le problème, mais également la solution, étant donné qu’ils sont un maillon essentiel du cycle de l’eau. Le Sdage devrait s’appuyer davantage sur les structures locales afin d’être plus cohérent.
R.A. : Allez- vous tout de même renforcer les actions pour que les agriculteurs réduisent les flux de
nitrates et si oui, de quelle manière ?
E.K. : Les efforts sont en cours chez les agriculteurs. De nombreuses actions ont déjà eu lieu : couverts permanents, réalisation de bilans azotés, aménagement des parcelles, bandes enherbées, formation des agriculteurs, etc…. Dans les bassins concernés par les algues vertes, ils se concentrent d’ailleurs davantage sur les objectifs du Plav que sur ceux du Sdage. Nous verrons donc quels seront les résultats de ces mesures, sachant que nous pourrons déjà voir les bénéfices de celles-ci, même s’il y a un décalage de plusieurs années entre actions et résultats.