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La Cooperl (22) inaugure le premier méthaniseur « sans épandage direct » d’Europe

Le | Projets-territoriaux

Le « premier méthaniseur sans épandage direct d’Europe », selon ses concepteurs, a été inauguré le 13 juin à Lamballe (Côtes d’Armor) par la coopérative agricole Cooperl. Son nom ? Émeraude bio-énergie. Le biogaz produit sur le site, 79 millions de KWh par an, sera injecté dans le réseau GRDF et couvrira l’équivalent de 75 % de la consommation en gaz domestique de la commune. Il fonctionne à partir de la dégradation de matières organiques solides collectées dans une centaine d’élevages et des eaux résiduaires d’abattoir.

La Bretagne doit limiter les épandages

L’absence d’épandage direct de digestat est la spécificité de l’installation, la majorité des méthaniseurs ayant des plans d’épandage. « Si elle veut rester en ligne avec la directive nitrates, la Bretagne ne peut pas multiplier les quantités de digestat à épandre, elle ne dispose pas d’assez de surfaces pour cela, explique le directeur de Cooperl environnement, Franck Porcher. Avec le volume de digestat produit pour notre unité, il faudrait 5 à 7000 ha, soit autant de terres libérées par notre technologie. » Le département R&D de Cooperl a en effet mis au point un système permettant de valoriser directement ce digestat.

Un digestat valorisé en engrais et biostimulants

L’idée : séparer les phases liquide et solide. Concernant cette dernière, elle est traitée en usine, à dix kilomètres de Lamballe, et transformée en produits organiques fertilisants d’origine naturelle, pouvant être exportés hors de la région. « Nous l’expédions aussi bien du côté de Nantes, en Champagne, qu’à l’étranger, dans dix pays. » Quant à la phase liquide, elle est également transformée sur place, à Lamballe, suivant un process précis impliquant l’ajout d’acide sulfurique, qui aboutit à la formation de sulfate d’ammoniac. « Cette matière sert ensuite de biostimulants pour les cultures spécialisées, vigne, maraîchage, arboriculture, sous forme d’engrais foliaire », complète Franck Porcher. Quant à l’eau résiduelle de ce process, elle est réutilisée pour former le mix du méthaniseur, ou pour le nettoyage de l’usine.

Le méthaniseur d’une capacité de 156 000 tonnes/an, a mobilisé un investissement de 17 millions d’euros et trois années de R&D et de tests.