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La création d’un institut technique de l’abeille sur fond de polémique

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Si d’un côté l’Union nationale de l’apiculture française a manisfesté ce 22 janvier devant le siège de l’Acta à Paris pour dénoncer en marge de la réunion du conseil d’adminstration de l’ITSAP-Institut de l’abeille «  la main mise de l’agrochimie sur les abeilles », de l’autre le SPMF, Syndicat de l’apiculture professionelle, a accueilli favorablement cet organisme lors d’une conférence de presse organisée la veille. « Il y a urgence a renverser les méthodes de recherche et d’impliquer les apiculteurs en amont à la constitution d’un véritable réseau d’exploitations apicoles ouvertes en toute transparence à la recherche  », a expliqué Joël Schiro, président. Pour l’Unaf, le point de tension vient, entre autre, de l’article 6.e des nouveaux statuts du Conseil national du développement apicole et de l’Institut technique » Statuts qui selon l’Unaf : « ont été adoptés lors d’une Assemblée générale ne comprenant aucune des représentations syndicales, soit outre l’Unaf, le SNA (Syndicat Nationale d’Apiculture) ou la FNOSAD (Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales), lesquelles représentent l’immense majorité des apiculteurs. » Pour Johan Peron, secrétaire général de l’Unaf, cet article permet, « aux ONG et à l’agrochimie d’adhérer à l’Institut de l’abeille. Des négociations sont en cours pour retirer cet article, car la présence de l’agrochimie n’est pas tolérable. Et nous verrons ensuite lors de notre assemblée générale du 27 février si nous adhérons à cette instance. » Quant aux accusations sur le refus de l’Unaf de travailler avec les agriculteurs. Johan Peron dément : « nous avons besoin de travailler ensemble, bien au contraire. Ce que nous dénonçons c’est une forme d’agriculture intensive qui ne tient pas compte du monde apicole ». Reprochant en filigrane à la FNSEA de ne reconnaître que les apiculteurs professionnels et non ceux qui sont amateurs ou double actifs et qui pèsent en nombre dans la profession apicole. De son côté, Joël Schiro, président du SMPF, préfère se focaliser sur l’urgence à régler les problèmes de mortalités : « On a en France sur les exploitations 30 % de bourdonneuses, des abeilles dont la reine est devenue stérile, ce qui entraîne la disparition des ruches », un phénomène que « personne n’est en mesure d’expliquer », assure-t-il. « il faut sortir des affrontements stériles et favoriser le travail entre apiculteurs et agriculteurs, ne pas incriminer ou louanger tels scientifiques mais partir sur de nouvelles bases » D’ailleurs la problématique abeille affecte le monde agricole puisque Joel Schiro met en garde contre un déficit en ruches pour assurer la pollinisation des 7500 ha de production de semences hybrides de colza en 2010. « La mise en place d’un institut technique est déterminante. » Il appelle notamment à la réalisation d’expérimentations qui partent du terrain avec une surveillance des abeilles y comprise à l’intérieur des ruches. Les divergences dans le syndicalisme apicole sont dues à « des clivages entre producteurs professionnels et amateurs », selon Yvon Garros, représentant du SPMF. Et « il y a une deuxième ligne de fracture » entre les apiculteurs prêts à « aborder leurs problèmes avec les agriculteurs » et ceux qui « n’ont qu’un seul objectif : que l’apiculture reste à part avec ses propres méthodologies », ajoute-t-il.