La directive européenne sur la préservation des sols suscite le débat
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La préservation des sols est un des défis majeurs pour les acteurs agricoles afin de conserver la capacité de production. L’Union européenne met en place une directive en la matière qui sera déclinée par les États membres. Elle devrait susciter de nombreux débats tant la thématique est complexe. Le pôle de compétitivité Agronov a organisé une table ronde sur la préservation des sols le 16 novembre, près de Dijon.
60 à 70 % des sols européens sont considérés en mauvais état dans l’Union européenne, et entre 61 et 73 % des sols agricoles sont touchés par des problématiques d’érosion, de perte de matière organique, de compactage. C’est la raison pour laquelle la Commission européenne a décidé de mettre en place une directive sur la résilience des sols. Objectif : retrouver une bonne santé des sols en 2030. Le projet de texte a été publié le 5 juillet 2023. La directive tourne autour de trois axes : la surveillance et l’évaluation des sols, leur gestion durable et les sols contaminés.
La qualité des sols est multifactorielle
Nul doute que ces sujets susciteront de vifs débats dans le monde agricole, tant la définition des sols, ou celle des pratiques néfastes ou positives en la matière, ne sont pas linéaires. C’est ce qu’a indiqué Battle Karimi, directrice scientifique de Novasol experts, le 16 novembre lors de la journée « Sol et biosolutions », organisée par le pôle de compétitivité Agronov, près de Dijon : « La qualité des sols est multifactorielle et demandera donc une multitude d’indicateurs. Nous connaissons les facteurs qui agissent négativement sur leur qualité : le labour ou encore l’application de produits phytosanitaires. Et ceux qui agissent positivement comme la mise en place de couvert et l’apport d’amendement organique. Mais ce n’est pas aussi binaire. Nous ne pouvons pas dire que s’il y a un labour, le sol est mort. C’est l’ensemble de l’itinéraire technique dont il faut parler. »
Un enjeu de souveraineté alimentaire
La majorité des acteurs agricoles ont maintenant conscience de l’importance du sujet pour des enjeux de souveraineté alimentaire. « Les sols bourguignons perdent en fertilité, reconnaît Sylvain Pabion, responsable d’exploitation au château Marsannay. Nous devons répondre de manière urgente. Tout le monde s’y met, avec des pratiques différentes. » Battle Karimi avertit : « La baisse de la vie microbienne peut faire perdre près de la moitié de la minéralisation des sols ! »
Les intervenants insistent sur l’expérimentation. « Parfois, nous pensons mettre en place des pratiques positives, et ce n’est pas le cas, ajoute la directrice scientifique de Novasol experts. Il faut confirmer ce que nous estimons être positif, expérimenter au cas par cas et faire des choix selon les contextes pédoclimatiques. Ce qui marche ailleurs ne fonctionne pas forcément dans toutes les exploitations. »
Expérimenter pour s’adapter au cas par cas
L’Alliance BFC a pris la problématique à bras le corps et teste des itinéraires techniques depuis une dizaine d’années. « L’implantation d’un couvert associé à un apport organique fonctionne bien, note Vincent Vaccari, technicien expérimentation à l’Alliance BFC. Nous le voyons directement sur les sols. »
La directive européenne sur les sols est actuellement étudiée par les Etats membres. En France, c’est le Sénat qui en a la charge. Le Parlement et le Conseil européens devront ensuite voter le texte. Une fois adoptée, la directive devra être transposée dans chaque pays.