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« La part de l’agriculture dans la pollution de l’air n’est pas négligeable », Gilles Aymoz, Ademe

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L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a rendu public les résultats de l’étude Particul’Air relative à la qualité de l’air dans des zones rurales sur huit régions(1), réalisée en 2009 et 2010 et qui porte essentiellement sur les particules fines PM10. L’objet de l’étude était de mieux connaître les sources d’émission de ces particules. Trois questions à Gilles Aymoz, en charge de l’étude Particul’Air à l’Ademe. Référence environnement : Quelle est la part du secteur agricole dans la pollution de l’air par les particules en zone rurale ? Gilles Aymoz : Les particules peuvent être émises directement dans l’atmosphère, ou se former à partir d’émissions de gaz précurseurs de particules. La pollution par l’agriculture se retrouve essentiellement dans cette deuxième partie. Les résultats de Particul’Air montrent que cette fraction pèse pour 36 % des particules mesurées en zones rurales. C’est la plus grosse part, mais les gaz précurseurs de PM10, comme l’ammoniac et l’oxydes d’azote, peuvent provenir d’autres sources que l’agriculture. En agriculture, l’ammoniac est principalement émis par l’élevage et l’oxyde d’azote est notamment lié à l’épandage de fertilisants. L’agriculture peut également émettre directement des particules dans l’atmosphère, par le travail du sol, les échappements des engins, ou encore la combustion de biomasse, comme l’écobuage ou le brulage à l’air libre, qui, rappelons-le, est interdit. Toutefois, bien que de nombreuses incertitudes existent sur la part exacte de l’agriculture, l’étude Particul’Air confirme que cette part n’est pas négligeable. R.E. : Comment l’agriculture peut-elle réduire ces polluants ? G.A. : Pour les émissions liées aux combustions de biomasse, des solutions alternatives existent comme le broyage ou le compostage. Ensuite, pour les émissions d’ammoniac, l’exploitant peut intervenir sur l’alimentation des animaux, la maîtrise des effluents du bâtiment et lors du stockage avec la couverture des fosses, l’enfouissement rapide des épandages, etc. Le secteur agricole commence à prendre conscience de cette pollution, et des actions de réduction des émissions sont de plus en plus intégrées dans certains programmes d’action comme le PRSE, Plan santé environnement, ou encore les PPA, les plans de protection de l’atmosphère. Nous avons de plus en plus de lien avec les organismes agricoles. R.E. : Y’a t-il un lien entre l’évolution de la pollution de l’air et le changement climatique ? G.A.  : C’est actuellement à l’étude, et ce n’est pas un sujet simple. Toutefois, d’une manière générale, il est important de veiller aux antagonismes des actions et de favoriser les initiatives gagnant-gagnant. Ces actions peuvent également être gagnantes au plan économique pour l’agriculteur, comme la couverture de fosse qui permet de disposer d’un fertilisant de meilleurs qualité et d’éviter les nuisances liées aux odeurs ! (1) Auvergne, Basse-Normandie, Bretagne, Centre, Franche-Comté, Limousin, Poitou-Charentes et Rhône-Alpes.

  • Pour en savoir plus consultez aussi la Brochure sur les Particules émises par l’Agriculture, édité par l’Ademe et à télécharger sur le site Ademe.fr dans la rubrique Agriculture
  • A noter…
Selon les chiffres du Citepa, l’agriculture serait responsable en 2010 de 48 % des particules totales (TSP), de 19 % des PM10 et de près de 10 % des PM2,5. Quant à l’ammoniac, gaz précurseur de particules secondaires : 22 % des émissions proviennent des engrais, 75 % des déjections animales, 3 % de l’industrie et du transport.