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La qualification environnementale des territoires pour soutenir le défi écologique

Le | Projets-territoriaux

''__Ce n’est qu’au prix de la certification environnementale des exploitations agricoles et de celle des territoires que le défi de la productivité et de la durabilité de l’agriculture pourra être relevé. Telle est l’orientation défendue par Gilles Lemaire, chercheur à l’Inra de Lusignan. Dans son analyse, les coopératives agricoles auraient alors un rôle moteur et organisationnel à tenir.__'' __C’est le principe de l’équilibre au sein d’un territoire que défend Gilles Lemaire, de l’Inra de Lusignan.__ Selon ce chercheur, aussi directeur scientifique du réseau Farre, « que ce soit pour la limitation des flux environnementaux, le maintien de la biodiversité, ou encore la mise en œuvre d’une stratégie de protection intégrée des cultures, il est indispensable de conserver, voire de retrouver à l’échelle du territoire une certaine diversité de modes d’occupation des sols. » Ainsi, en mixant le hors-sol et les grandes cultures, les prairies permanentes et les surfaces en rotation, les effets bénéfiques des uns sur l’environnement compenseraient alors, la pression exercée par les autres. Reste toutefois à évaluer la rentabilité économique d’une telle réorganisation des territoires. « Je pense qu’il n’y aura pas d’équilibre territorial au niveau de l’environnement si on laisse simplement agir les lois du marché, insiste-t-il. Ceci reviendra toujours à l’uniformisation des territoires. Car, dans un contexte macro-économique donné, toutes les entreprises agricoles vont tendre à mettre en place le même système de production le plus  »rentable« . Il est donc impératif que les services environnementaux produits au niveau d’un territoire soient eux même rémunérés. Pour y parvenir, le chercheur se tourne d’abord du côté de la Pac :  »elle doit être mobilisée pour cela et l’attribution de ces crédits devraient pouvoir être modulés territorialement en fonction de certains objectifs locaux. «  Et pour aller jusqu’au bout de la démarche, une reconnaissance des efforts engagés par les agriculteurs sur les territoires est à développer en parallèle. L’idée innovante serait de les évaluer et de leur attribuer une valeur environnementale, via une certification. La certification environnementale des exploitations serait alors la première étape. « Il est impératif de respecter des règles de bonnes pratiques agronomiques au niveau des exploitations individuelles. C’est le premier niveau de base de la certification sans lequel rien ne peut se construire », explique-t-il. La qualification territoriale devrait en parallèle revêtir des aspects de complémentarité, de coordination et d’interactions entre exploitations partageant la même région agricole. Dans ce cadre, à côté des aides incitatives qui doivent pouvoir être impulsées par les collectivités territoriales, ce serait aux coopératives agricoles de jouer un rôle moteur considérable afin de promouvoir les nécessaires complémentarités entre systèmes de production. « Les coopératives peuvent aussi avoir un terrain d’action privilégié en permettant de mettre en place des interactions entre filières (céréales-protéagineux et élevage par exemple…) permettant de garder une diversité au niveau du territoire. La valeur économique ajoutée aux produits agricoles pourrait être un puissant facteur économique », conclut le chercheur. A.D.