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« La sauvegarde de la biodiversité doit passer par une règlementation »

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Selon Philippe Frémeaux, directeur de la revue « Alternatives économiques », ce n’est pas à l’économiste de donner une valeur à la biodiversité, et bien aux pouvoirs publics de mettre en place une réglementation appropriée pour la conserver. « Car le propre de la biodiversité est de dépasser l’intelligence économique. Pour les économistes, il faut en effet que les choses soient substituables, or une espèce qui disparaît ne l’est pas et il faut considérer sa valeur comme infinie », s’est-il expliqué lors du colloque sur la biodiversité organisé à Paris les 4 et 5 mai par Natureparif, l’Agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France, et le comité français de l’UICN, l’Union internationale pour la conservation de la nature. Mais pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur la perte de biodiversité et la nécessité de mettre en place des mesures de sauvegarde, il faut d’abord que la population y soit sensibilisée. « Or cette sensibilisation est encore plus difficile à mener que celle relative au changement climatique, car la biodiversité est extrêmement complexe », a souligné Cécile Ostria, directrice de la Fondation Nicolat Hulot. Guillaume Sainteny, maître de conférences à l’Ecole Polytechnique, a quant à lui précisé que les outils de zonage ne suffisent plus car ils se limitent à la biodiversité remarquable. « Or la biodiversité ordinaire régresse également rapidement. Il faut donc donner un coût aux valeurs naturelles pour que dans les études d’impact, le passage d’une route coûte par exemple moins cher aux endroits où la biodiversité est moindre. » Un point sur lequel s’accorde Christophe Aubel, directeur de la ligue ROC : « Il est urgent de changer de modèle économique pour que l’acquis de richesse ne se fasse plus au détriment de la biodiversité. »