La Scael ouvre le débat sur le potentiel du biocontrôle
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Après le big data, le désherbage et l’activité biologique des sols, la Scael, coopérative d’Eure-et-Loir, s’est intéressée au biocontrôle pour son quatrième Club Agro, organisé le 5 mars à Chartres. L’événement avait pour objectif d’apporter des éléments de réponse sur la légitimité du biocontrôle à incarner une alternative solide aux produits phytosanitaires. « Ces événements ont un caractère prospectif. Nous montrons les pistes sur lesquelles travailler, le potentiel de la recherche et ce qu’on peut en attendre », détaille Joël Lorgeoux, responsable du département agronomie de la Scael et animateur du Club Agro.
Un impératif : élargir l’offre
D’emblée, les intervenants préviennent : « Les solutions de biocontrôle ne vont pas remplacer les produits conventionnels du jour au lendemain. Il faut aller vers un changement total de référentiel », assure Ronan Goff, vice-président d’IBMA France. Le chemin est en effet encore long. Représentant actuellement 5 % du marché de la protection des plantes, le secteur pâtit encore du prix plus élevé et de la moindre efficacité de ses solutions, comparé aux produits conventionnels. La situation est particulièrement complexe pour les grandes cultures, où l’offre est réduite.
« Nous devons encore apporter des preuves de l’efficacité mais la progression est indéniable. Environ 20 % de nos agriculteurs ont testé, voire adopté le biocontrôle », assure Joël Lorgeoux. La coopérative propose essentiellement des produits contre le sclérotinia en maraîchage et sur colza, des trichogrammes pour la pyrale et le Sluxx contre les limaces. L’association du soufre et d’une demi-dose de fongicide pour lutter contre la septoriose du blé est également proposée depuis un an. Plusieurs projets pour lutter contre la fusariose sont en cours de développement.
Un outil parmi d’autres
Pour convaincre plus largement les agriculteurs de l’opportunité d’investir dans le biocontrôle, le financement de la recherche doit être une priorité - aussi bien en laboratoire que sur le terrain. « Dans ce contexte, les meilleurs chercheurs c’est vous, les agriculteurs, en faisant des petits tests sur vos parcelles. Ce n’est pas comme avec les phytosanitaires où l’on attend un produit miracle fonctionnant pour tout le monde », plaide Thibaut Malausa, directeur de recherche à l’Inra. Ce dernier explique que le biocontrôle doit être intégré à un ensemble de démarches, notamment l’utilisation de variétés résistantes et des pratiques agronomiques comme l’association de cultures. « Nous choisissons des variétés plus résistantes. L’efficacité un peu moindre est compensée par une valorisation des prix. Nous acceptons d’avoir des rendements moins élevés », explique ainsi Jean-Luc Gauthier, installé en Eure-et-Loir en Gaec, et développant l’usage de biocontrôle depuis une vingtaine d’années.
Intervenant en conclusion de l’événement, Jean-Sébastien Loyer, directeur général de la Scael, synthétise : « Oui au changement de paradigme et à l’apport d’une réponse aux attentes des consommateurs, mais attention de ne pas vouloir aller trop vite pour garder notre compétitivité. Laissons le temps aux agriculteurs de s’approprier ces techniques ! »