Référence agro

L’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse finance 42 km de haies et 42 mares en Saône-Beaujolais

Le | Projets-territoriaux

La communauté de communes Saône-Beaujolais, au nord de Lyon, s’est lancé le défi de planter 42 kilomètres de haies et de restaurer ou mettre en place 42 mares sur son territoire. Le projet rassemble 42 communes, soit environ 42 000 habitants. Un chiffre récurrent qui renvoie au kilométrage d’un marathon, d’où son nom : le marathon de la biodiversité. L’initiative a su convaincre l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse (RMC), dans le cadre d’un appel à projets sur la biodiversité lancé fin 2016. Elle subventionne 80 % des 412 000 € qui doivent être investis sur la période 2017-2021.

« La récurrence du chiffre 42 nous a inspiré pour le nom du projet, mais nous ne nous focalisons pas sur ces objectifs verrouillés, explique le vice-président de la communauté de communes, Frédéric Pronchéry. Nous savons qu’il sera difficile d’atteindre les 42 km de haies, et que le nombre de mares sera probablement supérieur. » Les acteurs du territoire espèrent avant tout que le projet va structurer une dynamique déjà enclenchée avant 2017. Ils se sont retrouvés le 23 septembre pour un point d’étape.

Viticulteurs, au centre du dispositif

Au même titre que les particuliers et les collectivités, les agriculteurs sont évidemment impliqués, en particulier les viticulteurs : 80 % des haies devraient être implantées en paysage viticole. Si les chambres d’agriculture ne sont pas partenaires du projet à proprement parler, elles jouent le rôle de relais. La communauté de communes, la Fédération des chasseurs du Rhône et les associations Arthropologia, Ligue de protection des oiseaux (LPO) et France nature environnement (FNE), qui ont réalisé les diagnostics sur le terrain, ont fait jouer le bouche à oreille. « Une cinquantaine de vignerons sont d’ores et déjà intéressés ou déjà impliqués, estime Frédéric Pronchéry. Soit environ 20 à 25 kilomètres de haies, à terme. »

Sébastien Dupré, installé à Saint-Lager (Rhône), est l’un de ces vignerons. Avec son voisin, ils ont implanté quelque 550 mètres de haies le long de ses parcelles. « L’idée n’est pas juste de planter des arbres, affirme-t-il. Cette thématique de la biodiversité m’intéresse. Avec un collectif de vignerons, nous suivons des formations sur leur rôle dans les écosystèmes. » S’il n’a pas investi financièrement, c’est lui qui a préparé le sol pour l’implantation, et c’est à lui d’en gérer l’entretien. « L’un des défis, pour la suite, c’est de trouver des leviers de financements pour compenser le temps consacré, et l’achat éventuel de matériel », précise Frédéric Pronchéry.

Prioriser les chantiers à mettre en place

Après une longue phase de diagnostic et de planification des chantiers, le temps du « concret » a débuté. Au cours de l’automne 2019 et de l’hiver 2020, seize mares vont être restaurées et six créées. Une trentaine de chantiers de haies sont programmés pour un linéaire de près de vingt kilomètres de haies plantées, en plus de deux kilomètres déjà en place. Les parties prenantes ont mené un travail de hiérarchisation important. « C’est une innovation, y compris au niveau national, selon Alexandre Bacher, expert biodiversité à l’Agence de l’eau. Nous ne fonctionnons pas sur le modèle premier arrivé, premier servi. Nous priorisons les chantiers en fonction de la nécessité d’un regain de biodiversité, au cas par cas. »

L’Agence de l’eau, plusieurs fers au feu pour la biodiversité

Et l’Agence de l’eau RMC espère bien inspirer ses homologues des autres bassins. En attendant, elle reproduit ce modèle à son niveau. « L’appel à projet biodiversité de 2016 était un test, précise Alexandre Bacher. Il est désormais prévu chaque année. Nous lançons le prochain en novembre, avec un budget de 6 M€. » La structure dispose d’une enveloppe de 55 M€ pour la biodiversité terrestre dans le cadre de son onzième programme d’action, sur 2019-24. Également tenue d’expérimenter des systèmes de paiements pour services environnementaux (PSE), l’Agence prévoit la mise en place d’un dispositif de ce type, aussi sous la forme d’un appel à projets, également en novembre 2019.