L’agriculture collaborative, un levier pour aller vers l’agro-écologie
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« L’agriculture collaborative est peut-être le nouvel horizon de l’agriculture française », a lancé Michel Griffon, président de l’association Agriculture écologiquement intensive, lors de la septième édition des entretiens de l’AEI, le 9 mars à Angers. Et c’est logique. L’écologie ne s’arrête ni aux frontières des parcelles, ni à celles des exploitations. Comment créer des interactions à l’échelle des territoires ou plus simplement avec ses voisins ?
Si la gestion quantitative et qualitative de l’eau résulte souvent d’actions communes, notamment dans les bassins versants, le raisonnement pourrait s’étendre à d’autres enjeux. « La rotation des cultures pourrait s’organiser avec ses voisins, notamment dans des exploitations spécialisées », explique Michel Griffon. Autre exemple : engager une coordination dans les traitements phytosanitaires au sein des Coopératives d’utilisation de matériels agricoles, Cuma, ou en spécialisant certains exploitants dans des actions de traitement spécifique. L’expérience a été conduite à la Cuma du Chenin, à Montlouis-sur-Loire, par dix vignerons qui souhaitaient se dégager du temps. Les bénéfices ont dépassé cet objectif. « Ils ont évité la mise aux normes sur la gestion des effluents phytosanitaires, puisqu’elle est gérée par la Cuma », étaye Pascal Boucault, chef du pôle végétal à la Chambre d’agriculture du Maine-et-Loire.
Biodiversité et séquestration du carbone
Les aménagements écologiques destinés à préserver la biodiversité, comme l’implantation de haies ou des jachères fleuries, pourraient se réfléchir à l’échelle d’un territoire. Tout comme les pratiques de séquestration du carbone. « L’utilisation de matériel notamment dans le cadre de la révolution numérique, les ateliers de transformation pour vendre en circuit court, le besoin de main d’œuvre pour optimiser son bilan économique… tout cela peut-être envisagé à plusieurs sur une zone géographique plus large », insiste Michel Griffon.
Reste que l’échelle supra-exploitation est encore peu développée dans les campagnes. « L’agriculture collaborative passe d’abord dans la tête », indique Jean-Marie Séronie, consultant indépendant. Elle nécessite un changement de mentalité.