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« L’agriculture, principale ressource pour notre plan bioéconomie », Philippe Mangin, vice-président de la région Grand Est

Le | Projets-territoriaux

« L’ambition de notre président est de devenir la région leader en Europe sur le sujet de la bioéconomie », explique Philippe Mangin, vice-président de la région Grand Est. La région a adopté, le 17 octobre dernier, en session plénière, un plan en faveur de la bioéconomie. Le fruit d’un travail de plusieurs années. « Quand les nouvelles régions ont été créées en 2015, la loi Notre a instauré l’obligation d’établir des schémas régionaux pour développer l’économie, rappelle Philippe Mangin. Nous avons constaté à cette occasion que nous avions beaucoup d’agro-ressources. C’est notre atout, nous devons donc placer la bioéconomie au cœur de nos priorités. » Des États généraux régionaux de la bioéconomie, organisé en 2018, en collaboration avec les acteurs du territoire, dont les agriculteurs, ont débouché sur une feuille de route, à partir de laquelle a été construit le plan régional.

Cinq priorités, 23 actions

Ce plan, d’une durée de cinq ans, prévoit un financement de la région jusqu’à 35 millions d’euros par année. Cinq priorités, découpées en 23 actions ont été identifiées :

- Développer des stratégies énergétiques à l’échelle locale, reposant sur le bois-énergie, le biogaz et les biocarburants,

- Développer des bioraffineries territoriales,

- Déployer une agriculture durable, en phase avec les objectifs fixés par le gouvernement,

- Développer le recours aux biomatériaux dans le secteur du bâtiment,

- Soutenir une alimentation avec des ingrédient et des emballages durables en valorisant notamment les coproduits, et accroître la traçabilité.

« En ce qui concerne la bioénergie, nous allons réaliser un contrat de filière au début de l’année 2020. Nous sommes également déjà leader dans les biocarburants avec les coopératives Terreos, Cristal Union ou le groupe Avril. Mais nous voudrions que cette production soit davantage tournée vers des usages régionaux, et les particuliers », précise Philippe Mangin. Sur le volet des biomatériaux, il rappelle le fort développement local de la filière chanvre. « L’idéal serait de mettre en place, ici aussi, un contrat de filière pour encourager ces débouchés. Nous réfléchissons également à l’instauration de mesure incitatives », détaille le vice-président de la région.

L’agriculture en première ligne

Principal pourvoyeur de ressources de ce plan régional, l’agriculture est aussi appelée à améliorer ses pratiques. La région compte accompagner le développement de solutions de biocontrôle ou le déploiement de l’agriculture de précision. « Dans notre région, la profession agricole s’est beaucoup mobilisée. Des expériences sont par exemple menées sur l’ancienne base 112 pour trouver de nouvelles combinaisons de cultures, réduire les IFT, ou améliorer le bilan carbone grâce à des couverts permanents. Le dispositif régional de la Ferme du futur permet, quant à lui, de réaliser des diagnostics d’exploitation prévoyant l’arrivée de nouvelles technologies, pour réduire l’impact des pratiques agricoles », poursuit Philippe Mangin.

Faire un suivi des premiers résultats

L’objectif est aussi de communiquer auprès des acteurs du territoire concernant la mobilisation de la Région pour les accompagner dans ces efforts, durant au moins les cinq prochaines années. L’évolution des pratiques et les transformations locales seront d’ailleurs suivies de près. Une veille devrait être réalisée dans le cadre du Biopacte, signé avec l’Île-de-France et les Hauts-de-France en 2018. « Cela sera l’une de nos actions communes : mettre en place un vrai observatoire de la bioéconomie. Celui-ci devrait se concrétiser rapidement, dans le courant de l’année 2020. Nous manquons aujourd’hui de statistiques fiables sur le sujet », explique Philippe Mangin. Dernier défi à relever : faire comprendre au grand public l’intérêt de la bioéconomie, pour faire face, notamment, au réchauffement climatique. « Ce que nous souhaitons, c’est que la bioéconomie entre le plus rapidement dans le quotidien des gens, qui connaissent encore peu ce concept », termine l’élu.