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L’agroécologie s’invite aux Assises de la biodiversité

Le | Projets-territoriaux

Le plan de relance prévoit une enveloppe de 50 millions d’euros pour accompagner les agriculteurs dans la restitution des haies bocagères. Un enjeu dont se sont saisies les Assises de la biodiversité, organisées les 7 et 8 octobre 2020 à Massy (91), qui avait fait une place non négligeable à l’agriculture.

L’agroécologie s’invite aux Assises de la biodiversité
L’agroécologie s’invite aux Assises de la biodiversité

« Les agriculteurs sont les premiers gestionnaires des infrastructures agroécologiques, ce sont donc nos partenaires pour leur déploiement », explique François Coulon, chargé de projets agroforesteries, paysage, agriculture à l’OFB, à l’occasion des Assises de la biodiversité. Dans le cadre de la dixième édition de l’événement, organisé les 7 et 8 octobre 2020, plusieurs ateliers sur le thème de l’agriculture étaient prévus. L’un d’entre eux portait plus précisément sur les infrastructures agroécologiques (IAE). « Celles-ci rendent de nombreux services, notamment sur la qualité des sols, mais aussi en protégeant les sols de l’érosion par exemple », poursuit François Coulon. Signe de la prise de conscience de leur utilité, le Plan de relance prévoit une enveloppe de 50 millions d’euros pour soutenir les agriculteurs favorisant la biodiversité autour de leurs cultures et reconstituer les haies bocagères. L’objectif est de planter 7000 km de haies et gérer durablement 90 000 kilomètres de haies existantes.

Des actions soutenues par des collectifs d’agriculture

Sur le terrain, des initiatives sont déjà en cours pour favoriser les liens entre agriculteurs et biodiversité atour de ces infrastructures. C’est le cas du réseau d’Agriculteurs respectueux de la biodiversité et des richesses de l’environnement (Arbre), dans le Maine-et-Loire. Constitué en 2011, celui-ci regroupe aujourd’hui 150 agriculteurs. « Un tiers de nos membres sont en agriculture biologique, ce qui montre bien que les liens entre agriculture et biodiversité ne se limitent pas au bio », souligne Ambroise Bécot, chargé de mission au sein de la Chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire. 745 kilomètres de haies sont gérés et plus de 40 ont été plantées. 273 mares ont été préservées et 21 ont été créées ou restaurées. « Nous voyons clairement les effets sur les auxiliaires de culture, témoigne Denis Colineau, éleveur laitier également en ACS et membre du réseau. Mes rendements n’ont pas bougé mais je fais des économies de charges et je pense que je serai plus résilient face au changement climatique. »

Un nombre croissant d’élus mobilisés

L’émergence de ces projets bénéficie également d’une prise de conscience croissante chez les élus de terrain. « Nous sommes de plus en plus interpelés par les élus, indique Sylvie Monier, directrice de la Mission haies Auvergne. Depuis mars 2020, des maires se mobilisent, c’est vraiment nouveau. » Celle-ci prône la concertation autour de ces enjeux, entre agriculteurs, élus et employés de communes pour l’entretien des haies et des bords de chemins. « Il faut que tout le monde s’y retrouve, si cela rajoute uniquement des heures de travail aux agriculteurs, ce n’est pas la peine », insiste-t-elle. La mission défend une approche collective, et non à la parcelle, pour mettre en place des dispositifs contre l’érosion éolienne ou de régulation climatique. « Cela débouche parfois sur des réflexions plus approfondies sur le changement de pratiques », remarque Sylvie Monier.

Des freins à dépasser

Néanmoins, des freins pèsent encore sur le déploiement de ces infrastructures. « Le temps à consacrer à ces nouvelles approches, en termes de formation déjà, peut être un facteur limitant, admet Ambroise Bécot. L’intérêt se heurte parfois à la réalité du terrain. » Une analyse partagée par Sylvie Monier, qui met l’accent sur les freins économiques liées à la prise de risque de la mise en œuvre de ces pratiques, ou encore psychologiques, davantage liées à la peur de l’échec. « Ces infrastructures représentent pourtant une source de biomasse conséquente pour le secteur agricole », conclut-elle.