Lancement de « Au cœur des sols », label pour les fermes en agriculture de conservation des sols
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L'agriculture de conservation des sols, ACS, dispose désormais de son propre label. Intitulé « Au cœur des sols », il sera publiquement présenté lors sur Salon de l’agriculture 2020, organisé du 22 février au premier mars, et officiellement lancé le 31 janvier. Pour l’Association pour la promotion d’une agriculture durable (Apad), qui y travaille depuis plusieurs mois, l’objectif est à la fois de donner une reconnaissance aux fermes ayant adopté l’ACS et d’augmenter l’attractivité de ce modèle.
Un référentiel sous forme de permis à points
« Au cœur des sols a été conçu par les agriculteurs, insiste Sophie Gardette, directrice de l’Apad. C’est un groupe d’agriculteurs pilote qui l’a proposé. Il a ensuite été confronté à plus de 60 audits de terrain puis validé définitivement par un comité de labellisation, composé à 100 % d’agriculteurs. » Le référentiel est conçu comme un permis à points, adossé aux trois piliers de l’ACS, mais aussi sur d’autres critères, notamment l’engagement dans une démarche de réduction d’usage des pesticides. « Nous ne fixons pas d’objectifs chiffrés par rapport à l’IFT, nous sommes plutôt sur une obligation de piloter cet indicateur dans la ferme, tout en respectant un seuil maximal du coût des intrants dans le chiffre d’affaire global », glisse Sophie Gardette. Les agriculteurs obtiennent ensuite d’autres points en participant à des formations, en communiquant ou en échangeant sur de l’ACS dans le cadre de groupes, type GIEE.
Ces derniers mois, l’Apad a mené une campagne de terrain pour faire connaître la démarche. « Cette phase a confirmé leur intérêt pour ce futur label, se réjouit Sophie Gardette. Une cinquantaine d’agriculteurs sont d’ores et déjà dans les clous de cette reconnaissance. » Environ 150 autres sont sur liste d’attente pour se faire auditer. Un échantillon déjà conséquent, dans la mesure où Au cœur des sols est destiné à ceux qui pratiquent déjà l’ACS, selon la directrice de l’Apad. Et que certaines des 14 associations régionales membres de l’association commencent tout juste à se mobiliser sur ce dossier.
Plusieurs pistes de valorisation économique
Précision importante : le label sera attribué à l’échelle de la ferme, et non aux produits qui en sont issus. Mais l’Apad travaille déjà sur des pistes de valorisation économique. « Nous prospectons auprès d’acteurs de territoire, collectivités ou entreprises, mais aussi de structures institutionnelles pour qu’elles reconnaissent Au cœur des sols à travers par exemple des projets de type « paiement pour services environnementaux » liés à la balance carbone, la biodiversité ou la qualité de l’eau », précise Sophie Gardette.
L’idée de valoriser certaines filières pour lesquels les débouchés sont peu évidents, comme le pois chiche, les lentilles, le blé dur, évoquée au démarrage du projet, reste d’actualité. « Mais nous en sommes encore au démarrage, avertit Sophie Gardette. Il est trop tôt pour définir des contours très précis des projets de valorisation qui vont découler de cette première phase qu’est la labellisation des fermes. Cela dépendra surtout de comment les acteurs des territoires et les entreprises souhaitent s’impliquer pour soutenir la démarche des agriculteurs en ACS et de leur adhésion à cette nouvelle agriculture. »
Audit à la charge de l’agriculteur
Pour l’attribution du label, l’Apad reste également ouverte à tout. La possibilité, à terme, de faire appel à un auditeur indépendant, n’est pas exclue. Pour l’heure, c’est un salarié de l’association, spécifiquement recruté, qui s’occupe des audits. Ceux-ci sont à la charge des producteurs, qui s’engagent financièrement dans cette démarche. « Le prix est raisonnable, mais les agriculteurs tenaient à ce que la démarche ne soit pas gratuite. Ils en ont en effet assez de ces initiatives ou cahier des charges construits par d’autres, et qui finalement s’imposent à eux en leur créant des contraintes supplémentaires. Avec au Cœur des sols, les agriculteurs investissent dans un modèle qui est leur propriété, fondé sur leur réalité de terrain », détaille la directrice de l’Apad.
La construction du label bénéficie de financements français et européens dans le cadre d’un projet « Réseau national Agriculture de conservation des sols », soutenu par le ministère de l’Agriculture et le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET). Le renouvellement du label est programmé tous les deux ans et demi, « pour assurer un suivi et garantir que les fermes s’engagent bien dans une démarche de progrès continu, avec un accompagnement collectif régulier, gage selon l’APAD de la réussite technique du système », conclut Sophie Gardette.