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Le destin environnemental de l’agriculture… aux agriculteurs !

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Ce serait presque un appel à la mobilisation générale pour que les agriculteurs reprennent leur destin en main, qui a été délivré, en filigrane, lors du colloque Farre, organisé le 12 janvier à Paris. Pour qu’ils deviennent les artisans de leur réforme. Celle qui doit enraciner une agriculture durable et « hautement » respectueuse de l’environnement ! Un appel à réagir bruyamment, lancé sous forme de boutade, .. quoique… par Bernard Chevassus-au-Louis, président du Cirad : « C’est normal que les agriculteurs soient rémunérés pour les services environnementaux qu’ils réalisent. Alors pour marquer les esprits, pourquoi ne pas manifester, haut et fort comme sait très bien le faire le monde agricole. Montrez vos engagements envers l’environnement et demandez les nécessaires financement ! ». Car si les attentes en matière d’environnement sont fortes de la part des concitoyens, seule une agriculture pointue, scientifique, permet cette mise en cohérence. Pourtant en face les financements sont réduits, même pour des actions de base. « Pour 2009, nous avons perdu 70 % des aides pour la restauration des haies dans le sud du département », témoigne Sarah Pétiard, animatrice Farre dans le Maine-et-Loire. % %% François Ewald, philosophe, rappelle de son côté toute la légitimité des agriculteurs pour préserver l’environnement. « Ils représentent la première pierre, le premier lien avec la nature. » Et fait le constat d’un manque de lisibilité de ce rôle. « Les agriculteurs ont raté la révolution environnementale, alors que l’agriculture était la plus concernée. Ces hommes doivent être les premiers contributeurs au débat sur l’environnement, ils doivent être reconnus dans ce rôle d’acteurs responsables. » Et il y a urgence à avancer en rangs serrés pour communiquer avec une société française encore très ancrée dans le néo-rousseauisme. % %% « Nos concitoyens découvrent que le monde a besoin de l’agriculture. C’est une vraie chance, souligne Marcel Griffon, directeur de recherche au Cirad. Et aussi une contrainte car il faut répondre à leurs attentes. Profitez de cette situation pour renvoyer une autre image de l’agriculture : ne pas considérer que le progrès est négatif et entrer dans cette phase de transition qui permettra d’évoluer vers l’agriculture écologiquement intensive », préconise le chercheur. La période est donc propice au messages positifs : « la question de l’alimentation revient au cœur des politiques économiques, où la pression sur l’eau, le sol et l’air va devenir croissante. Cet enjeu constitue, pour nous agriculteurs, une chance d’être à l’origine de nouvelles solutions, souligne Barnard Guidez, président de Farre. Il faut donc sortir d’une vision « agriculture problèmes » pour proposer une « agriculture solutions ». %% % Reste que le message d’une agriculture productive et écologiquement intensive n’est pas simple à expliquer. « Plus de la moitié des ordres du jour de la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire porte aujourd’hui sur l’environnement, témoigne Christiane Lambert, agricultrice et vice-présidente de la FNSEA. Mais il faut rendre les réponses moins complexes, déjà pour les agriculteurs. » A.D.