Dans le cadre de son projet Écobiose, la Nouvelle Aquitaine publiera en avril 2019 un rapport évaluant la disparition de la biodiversité dans tous les domaines de la société, à destination des décideurs politiques. Un travail que la région n’hésite pas à nommer « Giec de la Biodiversité ». Le premier, chapitre consacré à l’agriculture dans les territoires de plaine et de grandes cultures, a été dévoilé le 18 juin. Vincent Bretagnolle du CNRS et Sabrina Graba, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), ont assuré la coordination scientifique.

L’utilité des abeilles et des vers de terre

Si l’étude montre que l’agriculture a entraîné la destruction et la fragmentation des habitats naturels, elle insiste sur la contribution de la biodiversité pour le secteur. Parmi les chiffres cités, l’importance de la pollinisation qui peut augmenter les rendements en cultures de colza et de tournesol de 30 à 40 % et les revenus des agriculteurs de 200 à 300 euros. Ou encore, l’activité des vers de terre, notamment en situation d’azote limitant, qui jouerait pour 25 % sur le potentiel de production. Selon les experts, le rôle positif de la biodiversité dépend de la présence des habitats semi-naturels (bosquets, haies, friches), d’une flore spontanée diversifiée, et, pour les sols, du maintien de prairies fourragères, et donc d’une activité d’élevage.

Intégrer des cultures pérennes dans les plaines

Les experts ont formulé des recommandations. Ils prônent de nouvelles formes de gouvernance collective adaptées aux échelles de temps et d’espace auxquelles opèrent les processus écologiques. Ils rappellent que l’échange et l’accompagnement des agriculteurs s’avèrent être des leviers fondamentaux. Les auteurs recommandent l’implantation de cultures pérennes pour concilier productivité et conservation de la biodiversité. « La diversification de l’occupation des sols repose toutefois sur la politique publique et de gouvernance du territoire », reconnaissent les auteurs.

150 scientifiques

Écobiose regroupe 150 scientifiques, spécialistes en sciences de l’écologie, humaines et sociales.

La Nouvelle Aquitaine est la première région agricole de France et d’Europe, avec 30 000 km² de surface agricole sur un total de 84 000 km². 77 000 exploitations sont présentes sur le territoire, dont 25 % en grandes cultures.