Référence agro

Le marché du carbone, un levier pour faire évoluer les pratiques

Le | Projets-territoriaux

S’il est développé sur les forêts, le marché du carbone a du mal à être valorisé en agriculture. Il pourrait pourtant constituer un véritable levier de changement de pratiques. « Il est nécessaire d’introduire la dimension économique pour réduire les gaz à effet de serre en agriculture, dans un contexte d’augmentation de la population mondiale  », explique Jérôme Mousset, responsable du service agriculture et forêts à l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, à l’occasion d’un colloque organisé par la CDC Climat le 22 juin, en collaboration avec Astrium et Danone. Deux expériences de terrain ont été particulièrement développées : les dossiers domestiques de crédits carbones et l’accès aux certificats d’économie d’énergie, CEE, dans l’univers agricole. Crédit carbone encore limité Le réseau de coopératives InVivo, qui participait au colloque de CDC Climat, teste la possibilité de recourir aux crédits carbones par l’introduction de plantes légumineuses, qui évitent l’apport d’azote minéral, avec onze coopératives et en partenariat avec CDC climat. Le dossier a été agréé le 15 mai 2012 par la DGEC, la direction générale de l’énergie et du climat, du ministère de l’Ecologie. « Deux coopératives ont déjà eu un audit », précise Antoine Poupart, en charge du développement durable chez InVivo. Avec les prix actuels du marché du carbone, relativement bas, le bénéfice économique est toutefois limité. « Nous sommes davantage dans le symbole, reconnaît Antoine Poupart. Nous faisons surtout un pari sur l’avenir : nous croyons à un futur où nous pourrons rémunérer les services environnementaux. » Autres systèmes, qui a davantage le vent en poupe : le certificat d’économie d’énergie, CEE, négocié avec des « obligés », c’est-à-dire les fournisseurs d’énergies et de carburants. Lesquels ont une obligation de réduire leur consommation énergétique sous risque de pénalités. Actuellement 16 fiches existent en agriculture, contre une trentaine dans l’industrie. Un bon score. « Mais les CEE en agriculture représentent seulement 0,76 % des dépôts totaux », déplore Cédric Garnier, chargé de mission énergie à l’Ademe. Si historiquement, les fiches concernaient essentiellement l’investissement dans les serres, de plus en plus de dossiers ont trait aux bâtiments d’élevage et au machinisme. Les CEE se développent Là encore, les CEE demandent un accompagnement. « Il faut pouvoir agréger toutes les factures et savoir négocier avec les obligés, poursuit Cédric Garnier. Ce n’est pas simple pour un exploitant. Du coup, il y a de plus en plus d’intermédiaires sur ces dossiers, comme les bureaux d’études sur l’énergie, les chambres d’agriculture, les syndicats, ou les coopératives. » L’utilisation des fonds diffèrent d’un organisme à l’autre. « Nous avons commencé à nous pencher sérieusement sur la question début 2012, reconnait Antoine Poupart. Il y a des investissements de matériels ou des formations à la conduite des poids lourds qui pourraient bénéficier de CEE. L’idée est de voir auprès de chaque coopérative ce qui pourrait entrer dans le cadre des CEE. Nous travaillons notamment avec des groupes coopératifs comme Axeréal, Maïsadour, et Acolyance. » Antoine Pourpart reconnaît que ces dispositifs passent bien auprès du monde agricole. « Pour réduire notre impact environnemental, nous parlons d’outils de marché et non d’outils réglementaires, commente-t-il. C’est une évolution positive, beaucoup plus porteur auprès de la profession. »

  • Projet de réforme du marché du carbone
Parce que le prix du carbone a chuté, n’incitant pas les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, l’Union européenne planche sur un projet de réforme du marché du carbone. L’objectif est de diminuer l’excédent de quotas qui a fait baisser le prix du carbone, s’établissant à 8 euros la tonne de CO2.