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Le robinet des aides 2015-2020 à la conversion et au maintien en bio déjà presque à sec

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Dans un communiqué du 26 février 2016, la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), le Syndicat des transformateurs et distributeurs bio (Synabio) expriment leur crainte de voir le robinet des aides à la conversion et au maintien en bio se tarir prématurémeront. Et mettent notamment en cause une sous-estimation du nombre de conversions, voire un désintérêt plus généralisé des régions, qui ventilent ces soutiens, pour l’accompagnement de la bio. Un tour de France inquiétant Contactés par Référence-environnement, les spécialistes de la Fnab esquissent un tour de France préoccupant. En Bretagne, Pays-de-la-Loire ou Lorraine, la moitié du montant prévu pour 2015-2020 serait déjà engagée. Cas de figure différent en PACA, où l’enveloppe, « bien qu’inférieure de moitié à ce qui serait nécessaire » selon la Fnab, se vide plus lentement. Pour une raison simple : l’aide au maintien y est « quasi inexistante ». En Champagne-Ardenne, malgré un abaissement des plafonds pour l’aide au maintien, celle-ci pourrait être remise en cause encore davantage. Même tonalité en Bourgogne, où la crainte d'une suppression pure et simple de ces aides au maintien était déjà évoquée il y a un an. Trois régions cristallisent les plus grandes inquiétudes. Si aucun chiffre n’est connu pour la Normandie, la Fnab livre ses estimations en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, où 88,8 M€ seraient déjà consommés sur les 90 M€ prévus sur 2015-2020. Dans le Centre, les 27 M€ budgétisés pour la même période seraient déjà presque intégralement utilisés. Centre : incitations à repousser les conversions prévues en 2016 Face à cette décentralisation du système d’aides, les réactions se jouent localement. Des négociations sont engagées avec plusieurs Conseils régionaux. C’est notamment le cas dans le Centre. « Le président du Conseil est conscient du problème et a affirmé sa volonté d’aider les agriculteurs bio, déclare Jean-François Vincent, président de BioCentre. Il nous a promis de revenir vers nous d’ici à 15 jours. » Malgré cette annonce, BioCentre incite les agriculteurs conventionnels souhaitant se convertir en 2016 à repousser leur projet. « On ne peut pas espérer que tout revienne au vert immédiatement, justifie Jean-François Vincent. Il faut prioriser et aider ceux qui sont déjà engagés, et les nouvelles exploitations qui s’installent directement en bio. » Un montant national insuffisant En comptant les mesures nationales et européennes, 160 M€ sont budgétisés chaque année en France pour l’aide à la conversion et au maintien sur la période 2015-2020. Un chiffre trop faible pour la Fnab, qui estime que 170 à 230 M€ par an seraient nécessaires, selon le rythme des conversions. Par ailleurs, la répartition des aides par les régions, alors qu’elles étaient précédemment gérées par l’Etat, complexifie le cheminement des financements.