L'élevage se mobilise pour un lait « bas carbone »
Le | Projets-territoriaux
« Savoir se mobiliser sur des sujets importants pour les politiques et les consommateurs » : tels sont les mots d’introduction prononcés par Thierry Roquefeuil, le président du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) et de Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), à l’occasion de la conférence « Face au changement climatique, la filière laitière en mouvement », le 14 juin à Paris. L’occasion de présenter officiellement les résultats régionaux du programme Life Carbon Dairy et la feuille de route climatique, la démarche nationale « Ferme laitière bas carbone », qui réunit le Cniel, l’Institut de l’élevage (Idele), France conseil élevage et l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA).
Moins 6 % de GES et moins 9 % de charges en trois ans
« Entre 2013 et 2016, l’empreinte carbone des élevages laitiers suivis a diminué de 6 %, explique Catherine Brocas, en charge du dossier à l’Idele. En parallèle, les charges d’exploitation ont baissé de 9 %. » Ces résultats s’appuient sur 3960 diagnostics d’élevages grâce à la méthode certifiée Cap2ER (Calcul automatisé des performances environnementales en élevage de ruminants). « Cette baisse s’explique par l’augmentation du troupeau, la diminution des apports azotés et la réduction de la part de concentrés dans la ration », continue Catherine Brocas.
Travailler l’efficience du troupeau et développer les énergies renouvelables
Qu’en est-il de l’objectif annoncé de - 20 % en 2025 ? « Nous devons mobiliser d’autres leviers pour atteindre ce but, notamment celui des énergies renouvelables, avec la méthanisation par exemple », éclaire Thierry Geslain, directeur scientifique du Cniel. Au cours de la table ronde qui a suivi la présentation des résultats, Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint « Agriculture » de l’Inra, a exposé les pistes de progrès pour réduire les émissions de méthane, comptant pour la moitié des émissions de gaz à effet de serre de l’activité élevage. « L’efficience des animaux et du troupeau constitue le premier levier, notamment en ce qui concerne l’âge au vêlage. La France a le vêlage le plus tardif en Europe, avec cinq à six mois en plus. Ce sont autant de quantités de méthane émises sans production ! »
Un label bas carbone à la rentrée
Cette journée a aussi été l’occasion de présenter le futur label bas carbone, qui sera lancé à la rentrée 2018. « Ce label agira comme un standard, en visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre additionnelles, explique Dimitar Nikov, de la direction générale de l’Énergie et du climat (DGEC) du ministère de la Transition écologique et solidaire. Développé par le think tank I4CE (Institute for climate economics) dans le cadre du projet Vocal (Volontary carbon land certification), ce label permettra à terme de vendre les réductions d’émission à des entreprises souhaitant atteindre la neutralité carbone. Se présenter comme une partie de la solution au changement climatique, tel était le message envoyé par la filière lait le 14 juin à Paris.
Une « ferme laitière bas carbone » en chiffres
En moyenne en 2016, un élevage laitier impliqué dans Life Carbon Dairy :
- Stocke 80 teqCO2 par an
- Entretient 106 eqha de biodiversité
- Nourrit 2021 personnes
- Émet 657 teqCO2 par an
Pour 7370 litres de lait corrigé par vache laitière par an, produits avec :
- 160 g de concentrés par litre de lait
- 0.46 UGB génisses/UGB vaches laitières
- 131 kg d’azote par hectare dédié à la production de lait, dont 45 kg sous forme minérale