Les effets de pesticides sur la santé (toujours) difficiles à cerner

((/public/Pascal_Gauduchon_ref_env.JPG|Pascal_Gauduchon_ref_env.JPG|L))__L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a organisé le 9 avril une audition publique sur les effets des produits phytosanitaires sur la santé humaine.__ Pour les experts, il est difficile de tirer des enseignements clairs et consensuels sur le sujet. Les résultats de l’étude Agrican qui vise à préciser le lien entre cancers et activités agricoles sont attendus avec impatience. J.P. “'Photo : Le professeur Pascal Gauduchon (premier plan), un des coordinateurs d’Agrican, présente la 1^e étude d’exposition des agriculteurs aux pesticides.'” « Il est impossible d’estimer aujourd’hui avec précision les impacts sanitaires des produits phytosanitaires sur la santé humaine ». Les propos de Florence Coignard, épidémiologiste à l’Institut national de veille sanitaire (InVS) qui s’exprimait le 9 avril à l’Assemblée nationale à l’invitation de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), démontrent que l’exposition aux pesticides n’est pas simple à évaluer, contrairement à ce que peuvent rapporter certains médias. Claude Gatignol, député de la Manche, premier rapporteur de l’Office, a souligné la nécessité de distinguer les risques démontrés et les risques supposés. Les risques démontrés sont liés à la contamination par les résidus de pesticides de l’eau, des sols et de l’air. Les risques supposés sont ceux concernant la santé humaine. Jean-Claude Etienne, sénateur de la Marne, deuxième rapporteur de l’OPECST, a rappelé que « si les risques liés à une exposition aiguë aux pesticides sont reconnus, ceux liés à une exposition chronique à faible dose sont très controversés ». % %% __Les doutes se transforment souvent en certitudes__ %% % François Veillerette, co-auteur du livre « Pesticides : révélations sur un scandale français » (2007), a mis en avant la « dangerosité intrinsèque » des produits phytosanitaires en s’appuyant sur des « « études de plus en plus nombreuses » révélant des liens entre leur usage et la santé de l’homme. Ce n’est bien sûr pas le point de vue des industriels. Selon Jean-Charles Bocquet, directeur général de l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP), « il n’y a aucun lien avéré, ni ce consensus scientifique entre l’exposition aux pesticides et l’apparition de certaines maladies ». Pour Marc Mennessier, journaliste scientifique au Figaro, « il existe un décalage important entre la perception du danger et la réalité mais pour le grand public, les doutes se transforment souvent en certitudes ». Dans ce contexte, on attend beaucoup des conclusions de l’étude Agrican, lancée fin 2005, qui vise à préciser le lien entre cancers et activités agricoles. La Mutualité sociale agricole (MSA), partenaire du projet, a envoyé un million de questionnaires à ses affiliés dans 12 départements : Haut-Rhin, Bas-Rhin, Côte d’Or, Doubs, Isère, Tarn, Gironde, Vendée, Loire-Atlantique, Manche, Calvados et Somme. 182 000 personnes ont répondu. « 50 % de la cohorte est censée être exposée aux pesticides, nous aurons la puissance statistique pour estimer les risques », a souligné le professeur Pascal Gauduchon, directeur du Groupe régional d’études sur le cancer (Grecan). Les premiers résultats, qui concerneront les cancers les plus fréquents (sein, prostate) et les professions agricoles dont la fréquence d’exposition aux risques est facilement identifiable, seront disponibles à la fin de l’année. Il faudra attendre 2013-2015 pour les autres cancers (cerveau, hémopathies) et pour les professions dont la fréquence d’exposition aux pesticides n’est pas facilement identifiable. %% % L’OPECST, organisme d’information du Parlement, mène, depuis février 2008, une étude sur les effets des pesticides sur la santé humaine. L’audition publique organisée le 9 avril par les deux rapporteurs de l’Office, s’inscrit dans le cadre de cette étude qui a pour objet « d’évaluer de la manière la plus neutre et la plus exhaustive possible les bénéfices et les risques de l’usage des pesticides ».