Les Geda peu convaincus de l’utilité du déploiement du conseil stratégique
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Avec les Ceta ou les Civam, notamment, les Geda font partie des organisations agricoles maillant le territoire. Alors que de nombreuses structures se sont mobilisées pour déployer le conseil stratégique sur les produits phytosanitaires, la FNGeda ne déploiera pas de dispositif propre en la matière. Explications avec le président de la fédération, Benoît Logeart.
Référence agro : Comment la Fédération nationale des Geda s’est-elle emparée de la question du conseil stratégique ?
Benoît Logeart : La FNGeda, avec Trame, a participé aux discussions « Egalim » et s’est positionnée sur la séparation du conseil et de la vente. Mais le sujet du conseil stratégique est arrivé à un moment de bascule au sein de la FNGeda, nous ne l’avons donc pas anticipé. J’ai pris la présidence de la Fédération en 2020, quand les discussions sur la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires battaient leur plein. Les premières remontées de terrain concernaient déjà plus le modus operandi que l’aspect législatif. Merci à ceux qui ont bataillé pour que nos groupes soient reconnus. Mais nous ne proposerons pas un dispositif de conseil stratégique propre à la FNGeda à nos adhérents. Chez l’agriculteur, cela nécessite une demi-journée de préparation, pour que tout soit saisi. Puis une journée sur place pour réaliser le conseil. Nous manquons dans tous les cas de moyens humains pour déployer ce conseil.
R.A. : Comment allez-vous orienter vos adhérents ?
B.L. : Nos adhérents commencent à nous demander comment cela va se passer pour eux. Les Geda sont adossés à l’appareil Chambre, dont chaque conseiller délivrant de « CSP » est certifié, ce sont eux qui délivreront le conseil. Concrètement, au-delà du diagnostic obligatoire et chronophage, qui est individuel, ce conseil peut être adapté et déboucher sur un projet de groupe. Nos réflexions tournent justement autour de la possibilité de bénéficier de ce conseil de manière groupée, pour limiter les coûts, entre 250 et 300 € par agriculteur.
R.A. : Plus globalement, que pensez-vous de cette évolution réglementaire ?
B.L. : Indéniablement, il y a une grosse mobilisation autour de cet enjeu, tout le monde est impliqué. Mais les contours du dispositif restent, à mon sens, un peu flous. Même les certificateurs ne savent pas encore concrètement comment ils vont certifier. Le manque de bras n’aide pas non plus… Après, sur la finalité, je ne vois pas ce que cela va apporter. Les jeunes sont de plus en plus formés à ces enjeux et les produits déjà encadrés par des AMM. Les molécules disparaissent les unes après les autres. Pour les exploitants travaillant en groupe, qui passent déjà entre deux et dix jours en formation par an pour améliorer leurs itinéraires techniques et leurs performances économiques, je ne vois pas l’utilité. Cela rajoute de la paperasse, demande du temps et de l’argent pour rien. Nos adhérents nous disent : « encore quelque chose de plus à faire ! » Le temps gagné au champ est reperdu au bureau, il n’y pas d’évolution du temps disponible. Peut-être que cela nous permettra néanmoins d’avoir des chiffres actualisés au niveau des Geda pour nos enquêtes cultures et, avec l’aide d’une bonne animation, de nouvelles orientations et projets.