Les méthodes de lutte contre les insectes ont changé
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L’Académie d’agriculture de France a consacré sa séance du 9 avril aux insectes ravageurs en agriculture et aux méthodes innovantes pour leur maîtrise. Parmi les différents groupes de bioagresseurs des cultures, les dégâts d’insectes représentent au niveau mondial la seconde cause de perte de récolte au champ après les adventices. Pour l’académicien Jean-Louis Bernard, on assiste aujourd’hui à une triple évolution qui pourrait transformer la dynamique de protection contre les ravageurs. Il note une amélioration rapide de la pharmacopée des insecticides : les produits inquiétants du point de vue toxicologique sont de plus en plus rares. Les produits non dangereux sont aujourd’hui majoritaires et représentent 61,2 % en 2014 alors qu’ils n’étaient que 20 % en 1965. « De nouveaux moyens de lutte font également leur apparition, comme le biocontrôle, et d’anciennes méthodes sont revisitées, poursuit Jean-Louis Bernard. Nous assistons aussi à une évolution des mentalités qui intègrent beaucoup mieux des sujets complexes et plus prompts à modifier les pratiques ». Prévenir l’introduction des ravageurs Pourtant, l’agriculture doit faire face à l’introduction et à l’installation de nouvelles espèces de ravageurs des plantes. Selon Marc Délos, de la direction régionale de l’agriculture et de la forêt de Midi-Pyrénées, « l’Union européenne est en retard sur la prévention contre l’introduction des ravageurs. L’information de base n’est pas donnée ». Ainsi, les aéroports européens n’affichent toujours pas les dangers de propagation de ravageurs du fait de l’importation de produits végétaux. Parmi les pistes d’avenir, Bernard Blum, président de l’Académie du biocontrôle et de la protection biologique intégrée, souligne les résultats intéressants obtenus grâce à la lutte autocide, fondée sur le lâcher massif d’insectes stériles. Il s’agit d’une technique relativement ancienne et réactualisée par les progrès récents de la recherche et promise, selon Bernard Blum, à un grand potentiel de développement. Le projet Regio Biocontrôle entend développer une méthode intégrée de maîtrise d’importants ravageurs invasifs et endémiques. Il s’appuierait sur l’utilisation de la technique des insectes stérilisés et concernerait dans un premier temps un petit nombre de ravageurs de grande importance économique, tels que le carpocapse, la drosophile aux ailes tachetées ou la mouche du brou des noix. « Ce projet devrait conduire à des gains importants pour les producteurs de fruits et à la création en France, d’une nouvelle industrie du phytosanitaire pouvant se développer à l’international », estimait Bernard Blum.