Les nitrates agricoles dans le viseur de l’Agence de l’eau Seine-Normandie
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Le point annuel sur l’état des eaux dans le bassin Seine-Normandie a encore une fois pointé la responsabilité de l’agriculture. L’Agence de l’eau a choisi de concentrer sa communication sur les nitrates, dont les teneurs sont en augmentation. Sans oublier les pesticides, qui restent la pollution agricole principale.
« Nous ne sommes pas au stade qu’à connu la Bretagne mais nous ne voulons pas y arriver », insiste Christophe Poupard, directeur de la connaissance et de la planification à l’Agence de l’eau Seine-Normandie. À l’occasion d’un point sur l’état des eaux en 2020 dans le bassin Seine-Normandie le 15 janvier, l’Agence a choisi de faire un focus sur la pollution par les nitrates. « Elle est en augmentation en 2020 et est responsable de la dégradation de 42 % des nappes d’eau souterraine », indique Patricia Blanc, directrice générale de l’Agence. L’agriculture est montrée du doigt : 70 % des nitrates sont d’origine agricole.
Des conséquences économiques, notamment sur le tourisme
Les conséquences pour le bassin sont importantes, notamment sur le tourisme. « La présence de nitrate favorise le développement des algues vertes sur le littoral, provoque la production de phytotoxines par le plancton qui peuvent conduire à une interdiction de vente des coquillages, peut entraîner un abandon des captages d’eau potable et réduit la baisse de biodiversité dans les cours d’eau », explique Christophe Poupard. À cause des nitrates, 220 captages ont été abandonnés sur les dix dernières années et 136 sur la période 2000-2009.
Sdage et plan régional nitrates
Pour contrer ce phénomène, l’Agence mise sur deux outils : le nouveau Sdage et la plan régional nitrates qui va être révisé prochainement. Les efforts demandés aux agriculteurs sont conséquents : dans certaines zones problématiques, les acteurs souhaitent une baisse des nitrates de 40 % par rapport à la période 2015-2017. Dans la Baie de Seine, les objectifs fixés par le nouveau Sdage visent des taux de 22 mg/l pour 2033, 19 mg/l pour 2039 et 12 mg/l pour 2050. Dans l’Ouest du Cotentin, ces chiffres s’élèvent à 25 mg/l en 2033, 20 mg/l en 2039, et 20 mg/l en 2050. L’Agence a travaillé avec les agriculteurs dans l’élaboration de ces plans. « Après débats, il y a eu consensus sur la trajectoire et sa vitesse », assure le directeur de la connaissance et de la planification.
Pesticides, une petite baisse liée au colza
L’Agence de l’eau n’oublie toutefois pas les pesticides. « C’est notre sujet de préoccupation majeur, insiste Patricia Blanc. Nous ne voyons pas de baisse des ventes mais des changements de molécules. » 41 % des cours d’eau sont dégradés du fait de la présence de molécules phytosanitaires en 2020, ce qui en fait la deuxième cause de dégradation.
Sur les pesticides, la qualité des eaux de deux stations a été améliorée grâce à une baisse de la concentration de la molécule herbicide métazachlore. « Cela peut venir de la diminution des surfaces de colza, explique Christophe Poupard. Nous allons suivre cette tendance. » L’Agence finance toujours des pratiques pour réduire la présence de produits phytosanitaires comme la conversion à l’agriculture biologique.
La cause principale de la dégradation des cours d’eau reste toutefois l’hydromorphologie, responsable de 61 % des cas. « Des travaux sont en cours sur ce dernier point », assure l’Agence de l’eau.
D’un point de vue global, deux-tiers des cours d’eaux dans le bassin Seine Normandie sont toujours dans un état préoccupant. Mais la tendance globale est à l’amélioration. En 2020, neuf stations ont retrouvé un bon état écologique des eaux.
L’Agence de l’eau Seine-Normandie analyse la qualité des eaux sur 1775 sites de prélèvement et recherche 1320 substances. En 2020, 6,2 millions de données ont été acquises.