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Les pesticides, toujours préoccupants pour la qualité de l’eau en Rhône-Méditerranée Corse

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Les pesticides et les nitrates sont les principaux facteurs de dégradation des nappes phréatiques souterraines, qui menacent l’alimentation en eau potable, a insisté l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse dans un point presse organisé le 2 juillet. La présence de médicaments et la gestion quantitative de la ressource impactent également le bon état écologique des eaux.

Les pesticides, toujours préoccupants pour la qualité de l’eau en Rhône-Méditerranée Corse
Les pesticides, toujours préoccupants pour la qualité de l’eau en Rhône-Méditerranée Corse

L’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse a publié le 2 juillet son rapport annuel sur l’état des eaux en 2019. 51 % des rivières sont en bon état écologique sur l’ensemble du bassin, contre 54 % en 2018. Un chiffre qui tombe à 26 % en Bourgogne-Franche-Comté en 2019, contre 33 % en 2018. « Cela s’explique surtout par l’évolution des indicateurs de suivi », assure Laurent Roy, directeur de l’Agence de l’eau. Alors que la directive européenne impose aux Etats membres de retrouver un bon état écologique des cours d’eau d’ici à 2027, les défis sont donc encore nombreux à relever pour les acteurs du territoire, notamment les agriculteurs.

Glyphosate et triazines

La pollution par les pesticides est particulièrement montrée du doigt. « 87 % des stations sont contaminées par les produits phytosanitaires, mais l’indicateur de suivi montre une amélioration : il est passé de 1,2 en 2008 à 0,6 en 2018, poursuit Laurent Roy. Cela est surtout lié à l’interdiction des substances les plus dangereuse. » Le glyphosate et son métabolite Ampa restent de loin les deux molécules les plus quantifiées. Les triazines et leurs produits de dégradation sont encore régulièrement rencontrés à des concentrations supérieures aux normes exigées pour l’alimentation en eau potable. « Le taux de présence des pesticides et des nitrates restent trop élevés : c’est le principal facteur de dégradation des nappes phréatiques et qui menacent l’alimentation en eau potable », insiste le directeur de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse.

C’est pourquoi, l’Agence de l’eau a choisi de cibler les actions sur 269 aires d’alimentation de captages d’eau potable. 202 programmes d’actions sont actuellement mis en place. En 2017-2019, 34 % des captages prioritaires ont montré des dépassements de seuils réglementaires pour les pesticides (+ 8 % par rapport à 2014-2016), 15 % pour les pesticides et les nitrates (+ 2 % par rapport à 2014-2016) et 14 % pour les nitrates seuls (- 3 % par rapport à 2014-2016). « On constate une amélioration progressive mais sur le très long cours, indique Laurent Roy. Il y a urgence à accélérer le pas. »

Paracétamol, caféine et nicotine dans l’eau

L’agence insiste toutefois sur les autres polluants retrouvés dans les eaux, notamment les médicaments. L’antidiabétique metformine est par exemple présent dans 94 % des cours d’eau. « Il y a aussi des substances plus courantes comme le paracétamol, la caféine ou la nicotine, et qui parfois ne peuvent pas être éliminées dans les stations de traitement, insiste Laurent Roy. Tous les citoyens sont donc concernés par la préservation de la qualité de l’eau. »

La connaissance avance également sur les polluants : le nombre d’analyses est passée de 18 000 dans les années 90 à 5,5 millions en 2018 et 1300 paramètres ont été recherchés en 2018 contre 25 en 1990.

Autre enjeu pour l’agriculture : la gestion de la quantité de la ressource dans un contexte de réchauffement climatique. 33 % des rivières ont un régime hydrologique altéré dans le bassin. Parmi les solutions prônées par l’Agence : l’économie d’eau, avec les techniques d’irrigation, et le développement des zones humides. Quid des retenues d’eau ? « Nous n’avons pas de positions tranchées, insiste le directeur de l’Agence. Notre rôle est d’identifier les territoires déficitaires. Ensuite les acteurs doivent réaliser un constat partagé puis trouver des solutions dans un projet de territoire. Il ne faut pas faire l’économie de la réflexion pour éviter les conflits, comme ce qui s’est passé à Sivens par exemple. »

L’Agence mise sur les PSE

Pour faire évoluer les pratiques, Laurent Roy mise sur les paiements pour services environnementaux (PSE), lancés en 2020 sur des territoires pilotes : « Nous souhaiterions que ces outils soient généralisés dans le cadre de la réforme de la Pac, qui reste le levier principal de financement pour le changement de pratiques des agriculteurs. »