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Les sols français dévoilent leurs dessous

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Mention assez bien. C’est la note attribuée aux sols français par le Groupement d’intérêt scientifique (Gis) Sol qui vient de réaliser le « premier bilan scientifiquement quantifié » de l’état des sols en France. Le rapport présenté le 18 novembre relève plusieurs points positifs : des teneurs faibles pour la majorité des contaminants et une très grande richesse des sols en micro-organismes. Mais en même temps, les chercheurs pointent l’accélération de l’artificialisation des sols. L’agriculture perd ainsi l’équivalent d’un département comme la Lozère tous les sept ans. Au plan de la fertilité chimique, le rapport fait également état de teneurs en phosphore relativement faibles pour de nombreux sols. « A long terme la question de la durabilité du système agricole actuel reste posée », indique Dominique Arrouays de l’Inra Orléans InfoSol. A l’inverse, l’augmentation des teneurs en phosphore des sols dans les régions d’élevage (Bretagne, Nord-Pas-de-Calais), reste très préoccupante en raison de son impact sur la qualité des eaux et sur l’eutrophisation des milieux. Dernière inquiétude : l’érosion des sols qui touchent aujourd’hui 17 % du territoire. L’inquiétude du déstockage de carbone Mais la plus grosse incertitude est liée au changement climatique qui pourrait précipiter le déstockage de carbone organique. 3,2 milliards de tonnes de carbone sont stockées sous nos pieds. « A 10 € la tonne de carbone et si l’on considère que 40 % se trouve dans les 30 premiers centimètres travaillés, les agriculteurs détiennent avec leurs champs l’équivalent du budget annuel de la France », souligne non sans humour Dominique Arrouays. « Il faut considérer les sols comme un patrimoine de l’humanité », plaide gravement le chercheur et de citer Antoine de Saint Exupéry en signe d’avertissement : « on n’hérite pas la terre de nos ancêtres, on l’emprunte à nos enfants ». Crée en 2001. le Gis Sol regroupe deux ministères (agriculture et environnement), l’Inra, l’Ird, l’Ademe, l’Inventaire forestier national.

  • Maintenir les sols vivants
L’Inra cultive la thématique sol sur tous les champs, scientifiques, sociologiques et économiques. « Son importance explique que notre institut mobilise plus de 250 chercheurs et ingénieurs sur le sujet », confie Marion Guillou, présidente directrice générale. Certes les recherches de l’Institut dans le domaine du sol ne sont pas nouvelles puisque elles avaient débuté en 1921, dès la création de l’Institut de Recherche Agronomique (IRA), l’organisme qui a précédé l’Inra. Mais elles se sont accélérées ces dernières années avec le retour au premier plan de l’agronomie et la prise en compte de la problématique environnement. C’est sous le double angle de la surveillance et de la prévision que sont conduits les programmes de l’Institut. Avec une priorité désormais pour les chercheurs : maintenir les sols vivants.