L’Inrae se mobilise pour déployer à grande échelle une gestion durable des sols
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Pour atténuer le réchauffement climatique, se passer d’une optimisation du stockage de carbone dans le sol sera difficile. Dans un article publié le 27 octobre dans Nature Communications, une équipe internationale de chercheurs, pilotée par l’Inrae et l’Université de Bonn, dessine les contours d’une stratégie mondiale en la matière, reposant sur les spécificités des différentes régions du globe.
Pour optimiser le potentiel de stockage du carbone des sols agricoles, une équipe internationale de scientifiques, dirigée par l’Inrae et l’Université allemande de Bonn en appellent au déploiement d’une stratégie mondiale de séquestration du carbone. Les actions proposées sont précisées dans un article publié le 27 octobre dans Nature Communications. Celles-ci pourraient permettre de réduire d’un tiers l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère, mais aussi d’accroître significativement les rendements dans plusieurs régions du monde.
Développer l’agriculture de conservation des sols
Sur le terrain, les scientifiques se prononcent pour la montée en puissance de l’agriculture de conservation des sols et de l’agroforesterie. 33 % des sols mondiaux ont été dégradés et ont perdu une grande partie de leur carbone organique aujourd’hui, rappellent les chercheurs. « L’apport de matière organique dans les sols dégradés permettrait, en plus d’augmenter les stocks de carbone, d’avoir des sols plus stables et plus fertiles pour une agriculture plus résiliente face au changement climatique », plaide le document.
Créer des bases de données
Compte tenu de la disparité de la qualité des sols et des cultures au niveau mondial, cette stratégie mondiale ne se traduiraient pas partout de la même manière. Mais les connaissances manquent pour définir des mesures adaptées, notamment dans les pays en voie de développement. Pour lever ce frein, les chercheurs recommandent de créer des bases de données, telles qu’elles existent déjà en Europe, pour enregistrer l’état des terres, modéliser des gains en rendement possibles et l’utilisation des engrais nécessaires. Cet effort devra s’accompagner du développement d’outils de mesure, pour prédire l’évolution des stocks de carbone.
Davantage inciter économiquement
L’équipe pilotée par l’Inrae souligne enfin que ces mesures de terrain doivent s’accompagner d’incitations économiques. « Un soutien politique et commercial est nécessaire pour motiver les agriculteurs à adopter des pratiques agricoles durables à une échelle suffisamment grande pour aboutir à la transformation des systèmes de production agricole », précise l’article. Ces incitations sont aujourd’hui encore insuffisantes, et ce pour deux raisons explique l’article : les PSE peinent à se concrétiser car les bénéfices sont difficiles à mesurer et non-standardisés, et les gestionnaires fonciers ne se concentrent pas sur la séquestration de carbone mais sur la production agricole.
Sept besoins urgents
En résumé, l’article cite sept besoins urgents pour construire avec succès une stratégie mondiale reposant sur les sols :
- Améliorer les systèmes d’information sur les sols et les écarts de rendement pour différentes régions du monde ;
- Une plus grande fiabilité des prédictions de l’évolution des rendements locaux et régionaux par tonne séquestrée ;
- Des besoins supplémentaires en engrais pour une séquestration durable du carbone ;
- Une comptabilisation complète des gaz à effet de serre du cycle de vie dans les systèmes agricoles séquestrant le carbone ;
- Une évaluation et une cartographie régionale de la séquestration du carbone dans le sol ;
- Une comptabilisation des transferts « hors site » d’amendements organiques, par exemple, fumier, compost, biochar, vers le sol au niveau de l’État ou du pays ;
- Le vaste ensemble de politiques et d’approches ascendantes, y compris les incitations des agriculteurs, les normes sociétales et les actions visant à intensifier l’adoption des pratiques de séquestration du carbone.