« L’Interprofession des produits de la ruche est à pied d’œuvre », selon son président Éric Lelong
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Près d’un an après sa création, l’Interprofession des produits de la ruche est « pleinement opérationnelle », selon les mots de son président, Éric Lelong. Il propose un état des lieux pour Référence-environnement.
Référence environnement : Où en est la mise en place de l’interprofession des produits de la ruche, Interapi ?
Éric Lelong : Nous avons d’abord créé le règlement intérieur et les statuts. Nous devons maintenant faire l’objet d’une reconnaissance en tant qu’organisation interprofessionnelle. Nous avons envoyé notre dossier à l’automne et attendons le retour prochain du ministère de l’Agriculture qui a quatre mois pour répondre. Nos réflexions pour la construction d’une cotisation volontaire obligatoire (CVO) pour nos membres ont pratiquement abouti. De manière plus opérationnelle, nous avons installé différentes commissions de travail sur les sujets de fond de nos filières.
R.E. : À ce stade, comment fonctionne Interapi financièrement ?
É. L. : Pour l’année 2019, après avoir envisagé une cotisation volontaire obligatoire « transitoire », nous nous sommes finalement décidés pour une avance de trésorerie consentie par l’ensemble des structures de l’interprofession, à hauteur de 4000 € par voix. Soit 64 000 € pour le collège amont et autant pour le collège aval. Ce qui va permettre le recrutement d’un premier salarié. Pour la suite, notre commission dédiée à la création d’une CVO a fourni un gros travail. Nous partons sur deux formats de contribution, un pour les producteurs et un pour l’aval, qui reste à finaliser mais est bien avancé. Nous devrions envoyer le dossier de mise en place de cette CVO prochainement, pour un démarrage dès 2020.
R.E. : Quels sont les projets en termes de communication ?
É. L. : Nous allons valider, avant la fin du mois de janvier, une campagne de commercialisation sur une dizaine de jours, en partenariat avec la distribution. L’année 2018 a été productive, il reste du miel en stock, notamment pour les jeunes apiculteurs dont les circuits de distribution ne sont pas encore très établis. Ce sera une opération économique évidemment tournée vers ces producteurs, mais dont une part des retombées profitera à Interapi. La démarche est aussi militante : nous communiquerons à cette occasion sur le miel d’origine française. Et nous ancrerons cette campagne dans le temps, avec une édition chaque année.
R.E. : Quelles sont les autres dossiers ouverts sur le bureau d’Interapi ?
É. L. : Le plan de filière demandé par le gouvernement devrait être ficelé pour mars 2019. Notre commission dédiée à la résolution des problèmes de production s’est déjà réunie trois fois, et doit proposer incessamment des actions à notre conseil d’administration qui devra les prioriser. Nous avons également des dossiers « internationaux ». La Chine est demandeuse d’une norme ISO pour les produits de la ruche, alors qu’il n’en existe que pour la gelée royale. La France ayant été identifiée comme pays de référence, nous sommes très impliqués, avec l’Afnor, car nous voulons que cette norme corresponde à nos standards. Nous collaborons aussi avec Bruxelles sur la définition du miel au niveau européen.
R.E. : Quelles sont les nouvelles de l’Institut de l’abeille (Itsap), en proie aux problèmes financiers et que l’État se disait prêt à aider à condition que l’interprofession soit créée ?
É. L. : L’institut reste sous le coup d’une procédure du commissaire aux comptes. Pour ce qui nous concerne, nous avons apporté notre aide pour structurer un nouveau projet pérenne. Nous pourrions éventuellement apporter une aide financière, mais nous comptons aussi sur le gouvernement. Pour le moment, il a versé 400 000 € pour l’Itsap. Nous espérons un deuxième versement équivalent, mais l’État attend les résultats de l’audit mené en 2018 concernant l’utilisation de cette première manne. Nous avons suggéré d’utiliser les fonds non-utilisés dans le cadre de l’aide de crise mise en place à l’automne. Sur 3 M€, près de 2,4 M€ n’ont pas trouvé preneur, car cette aide n’a pas été ouverte très longtemps, et surtout tardivement, à un moment où beaucoup avaient déjà renouvelé leur cheptel. Nous estimons que cet argent doit rester dans la filière. Pour financer l’Itsap, mais aussi pour les associations régionales de développement de l’apiculture (ADA), qui en ont bien besoin, ou encore pour aider l’interprofession à se déployer.