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Lucile Rimbault, Fredon Ile-de-France : « Avec un financement amputé, les ZNA ne bénéficieront que de 5 BSV en 2013 »

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A la veille de son départ pour la Fredon Corse*, Lucile Rimbault, responsable du pôle environnement à la Fredon Ile-de-France, fait le point sur le réseau d’épidémiosurveillance en zones non agricoles (ZNA) en Ile-de-France. Référence-environnement : La région Ile-de-France bénéficie-t-elle d’un réseau d’observateurs suffisant pour les ZNA ? Lucile Rimbault : Au début des BSV, en 2009, nous comptions 10 observateurs pour la région. En 2012, nous en avions 25. Le réseau fonctionne bien et le taux de retour des observations est important. Ces observations régulières, auxquelles s’ajoutent celles de la Fredon et quelques observations ponctuelles, ont permis d’éditer 15 Bulletins de santé du végétal (BSV) entre mars et septembre. Nous recherchons toujours à augmenter le nombre d’observateurs et une ou deux personnes nous rejoignent par an. Mais il est préférable d’avoir des observateurs sensibilisés, bien formés et suivis, que beaucoup mais moins bien accompagnés. Car ces personnes, gestionnaires d’espaces verts, sont bénévoles et l’animation est primordiale pour que la motivation subsiste. R.E. : Face à la réduction du budget consacré aux BSV en ZNA, comment allez-vous réorienter vos actions ? L.R. : Pour 2013, l’Onema a réduit les budgets dédiés aux BSV. Ce qui conduit la Fredon à y consacrer seulement 34 jours d’animation, contre 135 en 2012. Les observations de la Fredon ne sont plus financées, alors qu’en 2012, nous avons pu réaliser 32 tournées d’observations. Nous proposons donc d’éditer 5 BSV sur l’année et de mettre la priorité sur l’accompagnement des observateurs. L’objectif est que ces derniers gardent le même rythme qu’en 2012 dans leurs observations, et que leurs besoins en formation soient recensés pour pouvoir y répondre. Nous souhaitons également motiver de nouveaux observateurs et nous pencher sur la question de l’alimentation d’une base de données nationale. R.E. : Les pratiques phytosanitaires changent-elles rapidement ? L.R. : En ZNA, la prise de risque est plus facile qu’en milieu agricole car le seuil de nuisibilité économique n’existe pas. La liberté d’expérience est plus grande et les méthodes alternatives sont plus aisément testées. Les mentalités ont par ailleurs beaucoup évolué. Mais le zéro phyto, dont on entend beaucoup parlé, reste encore très rare. S’il est pratiqué dans quelques espaces verts, il est loin de l’être dans les cimetières, les terrains de sport et sur les voiries, où le désherbage pose problème. Les nombreuses plaintes de citoyens n’appréciant pas les mauvaises herbes n’incitent pas les élus à opter pour les méthodes alternatives. R.E. : Outre les BSV, quels sont les projets en ZNA de la Fredon en termes de communication ? L.R. : Les travaux que nous avons menés en 2012 dans le cadre du projet Ecophyto pour les jardiniers amateurs se poursuivent en 2013. Nous proposons pour cette année une journée de démonstration sur les méthodes alternatives, un colloque sur le biocontrôle et différentes actions auprès des jardiniers amateurs. Les ZNA utilisent 10 % des produits phytosanitaires épandus en France, et les deux tiers des personnes qui réalisent ces traitements sont représentés par les jardiniers amateurs. La Fredon s’active de ce fait à communiquer auprès de ces derniers. * Fredon : Fédération nationale de lutte contre les organismes nuisibles. Lucile Rimbault sera remplacée par Anne-Gaëlle Cabelguen