Méthanisation en Bretagne : encore des freins à lever
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Au 1er janvier 2014, 41 unités de production et valorisation de biogaz étaient en fonctionnement en Bretagne pour une puissance électrique installée de plus de 11 mégawatts (MWe), et une valorisation de plus de 500 000 tonnes de déchets organiques. Tels sont les chiffres présentés pour la première fois par l’Ademe Bretagne, l’Etat, Aile (Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement) et le Conseil régional de Bretagne, à l’occasion du Space le 17 septembre. 100 MWe en 2020, c’est faisable Entre 2007 et 2014, 72 projets ont été financés dans le cadre des plans biogaz pour un budget de 37 M€ et une valorisation de 950 000 tonnes de déchets organiques, dont 40 % concernent les effluents d’élevage. Avec près de 20 MWe en 2014, les organismes considèrent qu’ils sont en phase avec l’objectif de 100 MWe pour 2020. Dans le cadre d’appels à projets pour la lutte contre les algues vertes, 17 installations ont reçu un accord, dont quatre sont en fonctionnement. L’objectif était de développer la méthanisation des effluents d’élevage sur les bassins versants algues vertes, en amont des zones littorales les plus touchées, d’améliorer la valorisation des fertilisants organiques et de diminuer le recours aux engrais minéraux de synthèse. Des procédés plus efficaces que prévu L’Ademe estime que les procédés de méthanisation sont efficaces puisque les unités consomment, hors effluents d’élevage, moins de substrat que prévu. Les cultures énergétiques représentent 5 % des intrants dans les unités à la ferme. « Il faut que nous nous intéressions aux déchets organiques des collectivités, indique Gilles Petitjean, directeur de l’Ademe Bretagne. Les projets de méthanisation doivent pouvoir intégrer les déchets sur un territoire. » Les résultats montrent que l’énergie thermique des unités à la ferme est utilisée pour le traitement du digestat (31 %), le séchage (16 %) ou encore les installations d’élevage (16 %). Digestat : l’homologation coûte cher Quant à la valorisation des digestats, elle s’avère toujours complexe. Les essais d’épandage au champ menés par les Chambres d’agriculture ont montré un risque de volatilisation de l’azote en conditions douces et sèches. Par ailleurs, leurs mises sur le marché nécessitent une procédure d’homologation qui dure entre 12 et 18 mois pour un coût de 20 à 40 000 euros. « Six pays de l’Union européenne disposent d’une réglementation simple pour l’homologation des digestats, indique Sophie Merle, directrice d’Aile. Le gouvernement français ne l’a pas décidé mais cela peut bouger. » Les organismes reconnaissent les difficultés de la rentabilité des unités. « Les ratios économiques des premières années ne sont plus d’actualité », avoue Gilles Petitjean. En effet, les constructeurs ont augmenté les coûts et une réglementation ICPE (installation classée pour la protection de l’environnement) a été mise en place. La diminution des tailles des unités est un axe de recherche. « Mais pour l’heure, les petites unités ne sont pas rentables », indique Sophie Merle. En 2014, une vingtaine de projets ont été déposés dans le cade de trois sessions d’appel à projets « plan biogaz ». Un nouvel appel sera publié d’ici à la fin de l’année.