Nitrates et pesticides en baisse dans les eaux des aires de captage prioritaires, selon UFC-Que Choisir
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Alors que la seconde phase des Assises de l’eau se déroule actuellement, l’association UFC-Que Choisir dévoile, le 28 mars, une étude sur la qualité des eaux et les pollutions agricoles dans les captages prioritaires. « Le bilan est nuancé mais globalement positif », estime Alain Bazot, le président de l’association, à l’occasion de la présentation de l’enquête, le 28 mars. Douze ans après le Grenelle de l’environnement, qui avait débouché sur la création de 1000 aires de captage prioritaires, les résultats des mesures engagées sont encourageants.
Une baisse des pollutions aux pesticides et aux nitrates significative
L’étude a été menée auprès de 102 captages prioritaires, répartis sur 27 départements. Les résultats présentés concernent 76 d’entre eux, 21 de ces aires n’ayant pas fourni de données et cinq autres n’ayant pas assez de recul sur ces démarches. Concrètement, les pollutions ont baissé dans 46 des captages, et se sont stabilisées dans 19 d’entre eux. Les pollutions ont augmenté dans onze des captages étudiés. « Les niveaux de nitrate ont baissé en moyenne de 25 % dans les eaux brutes et ceux de pesticides de 70 % », détaille Olivier Andrault, chargé de mission agriculture et alimentaire chez l’UFC-Que Choisir.
Les chambres d’agriculture pointés du doigt
Parmi les facteurs limitants, l’étude liste les mesures d’application volontaires, un suivi insuffisant mais aussi le pilotage par les chambres d’agriculture. Au grand étonnement de ces dernières. « Nous sommes surpris. Nous sommes impliqués sur l’ensemble des bassins versants, que nous animons pour les deux-tiers, ou en accompagnement pour les autres », rappelle Luc Servant, président de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime, et à la tête de la Commission environnement de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) et contacté par Référence environnement. Selon lui, les résultats avancés par l’étude ne se fondent pas sur une comparaison de situations identiques. « Il y a des bassins versants où ces politiques sont peut-être plus faciles à mettre en œuvre, indique-t-il. Les bassins dont nous nous occupons sont souvent vastes. Nous développons des actions de long-terme, notamment sur la question des pollutions diffuses. Quand les choses se compliquent, qu’il faut convaincre les agriculteurs ou gérer les répercussions de ces politiques sur les rendements, les chambres sont très souvent sollicités. »
Inquiétude sur l’absence de suivi de l’ensemble des captages prioritaires
S’étant attachés à analyser l’impact des mesures prises lors du Grenelle de l’environnement, les auteurs de l’étude déplorent l’absence de suivi régulier de celles-ci. « Notre constat est qu’il n’y a pas de constat. Les Assises de l’eau se sont ouvertes sans avoir fait le point sur cet enjeu, nous sommes obligés de naviguer à vue, soupire Alain Bazot. Notre ambition était de mettre des chiffres à disposition, pour que ces Assises ne soient pas un nouveau rendez-vous manqué, après les États généraux de l’alimentation. » Les auteurs de l’étude en appellent ainsi à la généralisation de leur initiative à l’ensemble des captages prioritaires et un état des lieux régulier des 35 000 captages présents sur le territoire national. Autres demandes qui seront formulées dans le cadre des Assises de l’eau : un renforcement réglementaire des mesures de protection, une extension à l’ensemble des captages des mesures de lutte contre les pollutions diffuses, et la mise en œuvre stricte du principe du pollueur-payeur.